J'ai lu quelques très bons livres dernièrement, le dernier étant San'kia de Zakhar Prilepine, son 3e roman traduit en français, après Pathologies et Le Péché. Cette plongée dans le parti national-bolchevique (bien qu'il ne soit jamais directement cité), via le parcours de Sacha, est absolument passionnante. Manifestations, bâtiments saccagés, violences policières, picoles entre amis, ... on suit l'itinéraire tortueux du jeune homme et de ses acolytes, prêts à être emprisonnés, voire même à mourir pour des idéaux, pas toujours très clairs, jusqu'à une action d'envergure du parti : la prise du bâtiment du gouverneur local dans plusieurs villes de Russie. Il y a alors cet échange entre Sacha et un membre de l'administration du gouverneur, Bezletov, également connaissance de son père (p.443) :
- Quel est le sens de tout cela ? Je te l'ai déjà demandé et je te le demande une dernière fois : à quoi ça rime ? Pourquoi vous êtes venus ici ?
- Le sens, c'est qu'il faut savoir pourquoi on meurt. Toi, tu ne sais même pas pourquoi tu vis.
- Ce qui est terrible, Sacha, c'est que ton âme mourra avant toi !
- Les gens comme toi sauvent leur peau en dévorant la Russie, tandis que les gens comme moi le font en dévorant leur âme. La Russie se nourrit des âmes de ses fils, c'est ça qui la fait vivre. Ce sont pas les saints, mais les maudits qui la font vivre. Même maudit, je reste son fils. Tandis que toi, tu n'es qu'un ignoble profiteur.
A lire également, l'excellente biographie de Vladimir Maïakovski, La Vie en Jeu de Bengt Jangfelot, agrémentée de très nombreuses photos de lui et de ses contemporains. Au-delà du portrait du poète, c'est la vie des artistes de l'époque
Source image : Zakhar Prilepine sur Sankya.ru, où l'on peut lire en ligne, et en cyrillique, l'intégralité du roman.