Chronique du lundi 25 juillet 2011.
L’Australie est facilement venue à bout de l’Afrique du Sud pour le lancement du Tri-Nations. Une Afrique du Sud série B, c’est vrai, mais quelques enchaînements frôlant la perfection ont certainement laissé planer quelques angoisses au-dessus de leurs futurs adversaires. De là à en faire un favori pour le titre ? Pas sûr…
Un bijou de ligne de trois-quarts :
Robbie Deans est encore à la recherche de la combinaison parfaite mais il dispose d’un groupe de très haut niveau. Cela va vite, très vite qu’il s’agisse des joueurs ou du ballon et, en peu de mouvements, les Australiens, individuellement ou collectivement, peuvent battre n’importe quelle défense. Quand on pense que Giteau n’était même pas dans le groupe, ce week-end, on se dit que, pour la première fois peut-être, cette équipe possède une profondeur de banc qui peut faire la différence sur une compétition aussi longue. En effet avec Giteau, Burgess, Barnes, Mitchell et Faingaa, entre autre, en plus d’une composition Genia- Cooper – Ioane- McCabe – Ashley-Cooper- O’Connor – Beale ça donne pas mal de perspective à l’entraîneur.
Ce samedi, j’ai bien apprécié la complémentarité de la paire de centre et notamment le rôle de McCabe qui a tendance à redresser les courses d’une ligne de trois-quarts qui, certaines fois, cherche trop systématiquement les extérieurs. C’est très intelligent de la part de Robbie Deans de chercher un joueur qui amène une dimension plus collective dans une ligne de trois-quarts qui brille par ses individualités. McCabe a un rôle structurant qui peut encore amener un niveau d’efficacité supplémentaire à cette équipe pour battre les défenses. Ce qui peut faire peur au vu de ce qu’elle est déjà capable de réaliser. Et même si McCabe ne restait pas titulaire pour la Coupe du Monde, il aura joué un rôle positif en obligeant certains joueurs comme Giteau à se remettre en question et à faire évoluer leur manière de jouer.
Certains joueurs ont, cette saison, passé un palier en termes de capacités physiques et de maturité. Genia, à la mêlée, est en train d’acquérir une capacité d’organisateur qu’il n’avait pas jusque-là. Il a réalisé ( avec Deans, je suppose ) un travail qui se révèle payant. D’un joueur génial mais souvent brouillon, il est devenu sans conteste le numéro 1 mondial à son poste. Et quand on sait qu’il est associé à Quade Cooper à l’ouverture, il y a de quoi craindre cette équipe. Celui-là, aussi, a progressé. Capable de tout faire et d’être innarrêtable, il garde une certaine nonchalance qui fait son charme. Mais, malgré ça, on sent qu’il a le soucis de jouer efficace et au service de l’équipe. Encore un autre plus pour cette équipe. D’une manière générale, les Australiens sont très bien préparés physiquement et ils seront prêts pour monter en puissance jusqu’aux quarts de finale et être prêts pour la dernière ligne droite.
Le problème de la puissance physique :
Cette équipe propose un jeu dynamique qui épuise et surtout prend de vitesse les défenses. Que ce soit individuellement ou collectivement, tout les joueurs sont au service du jeu et de la dynamique du ballon. C’est évident derrière mais c’est aussi vrai devant. La troisième ligne Elsom – McCalman – Pocock est parfaitement complémentaire et capable de faire la différence offensivement à n’importe quel point du terrain. Pocock est aussi un poison en défense, capable de récupérer quelques ballons précieux qui peuvent faire basculer un match. Reste maintenant le 5 de devant et la capacité de puissance d’une équipe qui a les défauts de ses qualités.
L’Australie, depuis toujours, et Robbie Deans actuellement, misent sur le jeu en mouvement et la possibilité de créer un tourbillon incessant qui, en multipliant les temps de jeu, crée le désordre et les brèches dans la défense adverse. C’est exactement ce qui s’est passé contre la réserve Sud-Africaine. Maintenant est-ce qu’une telle domination est possible face à une équipe de même niveau, une équipe capable non seulement de confisquer les ballons en conquête mais aussi d’imposer un défi physique important qui empêche les Australiens de jouer en avançant ? C’est là la clé de la performance de cette équipe. Sans ballon et à reculons, les Australiens sont comme les autres. Seul un miracle peut leur permettre de gagner. Du coup, qu’elle est la capacité du pack Australien et de son milieu de terrain de gagner le combat ?
Au niveau du 5 de devant, la paire Horwill Simmons a montré de belles choses. Avec Sharpe, qui est un titulaire en puissance, Horwill peut être un partenaire intéressant qui apporte ses 2m en touche. A la différence des Sud-Africains, avec Matfield, ou des Néo-Zélandais, avec Withelock, les Australiens n’ont pas une tour de contrôle qui est l’assurance tout risque face à n’importe quel alignement. Mais avec cette paire-là, ce n’est plus la même chose. Il va falloir aller très haut pour les contrer. Elsom veillera, bien sûr, en fond d’alignement.
La mêlée, maintenant. Il est évident que c’est le talon d’Achille de cette équipe. D’une part, les piliers manquent d’expérience et de vice et, en plus, ils ressemblent surtout à des troisièmes lignes reconvertis. D’autre part, cette équipe est principalement focalisé sur le jeu de mouvement et tout le monde à tendance à se réserver pour les courses de soutien et donc à s’économiser en mêlée. Il y a donc une marge de progression importante, d’autant plus qu’Alexander, le droitier, arrive maintenant à assez bien limiter la pression adverse et à éviter de grandes reculades qui condamneraient les attaques Australiennes. En plus de cela, Moore, le talonneur, est pour moi du même niveau que William Servat. Avec son physique puissant, il a la capacité d’être une sacré valeur ajoutée pour la mêlée Australienne, à l’image du talonneur français. A lui de le comprendre. Mais, quoi qu’il arrive maintenant, cette équipe a prouvé qu’elle pouvait gagner les matchs tout en étant dominé dans ce secteur.
Le véritable et unique point d’interrogation concernant la capacité de l’Australie à être le prochain champion du monde est de savoir si elle est capable de gagner le défi physique face à n’importe quel adversaire. La tactique évidente pour contrer cette équipe est d’essayer de la priver de ballon et de lui imposer un combat au prêt fait de puissance. En l’obligeant à jouer à reculons et sans ballon, elle redevient un adversaire comme les autres et même la paire Genia – Cooper aura du mal à faire des miracles si elle joue avec la troisième ligne adverse sur le dos pendant 80 minutes. Les prochains matchs du Tri-Nations devraient donner quelques indications à ce sujet même si ce n’est qu’à partir des demi-finales de la Coupe du Monde que le destin de cette équipe devrait se révéler à nous…
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