Quand le ministre de la culture s'inquiète pour les DRAC...

Publié le 24 juillet 2011 par Ep2c @jeanclp

Je souhaite aussi vous assurer de mon souci et de ma vigilance vis à vis de la prise en compte des risques psycho-sociaux auxquels peuvent être exposés les personnels. C'est une situation dont vous faites souvent mention et qui me préoccupe particulièrement : la souffrance d’un agent, c’est aussi la souffrance de ses collègues, de ses proches.

Suite de la note précédente : discours du ministre de la Culture, le 11 juillet 2011, au comité technique paritaire ministériel (CTPM)

Parce que le monde change, parce les pratiques culturelles des Français évoluent, parce que la France du début du XXIe siècle est ouverte à la diversité, parce que le « besoin de culture » est croissant chez nos concitoyens, les politiques publiques culturelles doivent sans cesse être repensées et adaptées, et non repliées sur elles-mêmes.

Elles ne peuvent être ni défensives ni immobiles, elles ont besoin de projets pour toujours continuer à avancer, des projets qui illustrent les nouveaux territoires à conquérir pour la culture. Ne fallait-il pas réaliser le Centre Pompidou- Metz, dont le succès montre combien l’art contemporain et l’architecture peuvent mobiliser de nouveaux publics ? Ne faut-il réaliser le site de Pierrefitte-sur-Seine et marquer ainsi notre attachement aux archives nationales, cette mémoire de la nation garante de la continuité de l’Etat? Ne faut-il s’engager dans le Pompidou mobile, dans le Louvre-Lens ? Faut-il renoncer à la Philharmonie, clé de voute de notre politique musicale ? Je comprends vos préoccupations. Je crois nécessaire d’accorder ses ambitions aux moyens dont on dispose. En revanche, je crois illusoire de se fixer comme règle de conduite - pour reprendre votre expression - « d’appuyer sur la touche pause ». Il nous faut trouver le juste équilibre entre une ambition renouvelée pour les politiques publiques de la Culture, et les contraintes – notamment budgétaires - qui s’imposent à nous. C’est à la recherche de cet équilibre que je m’emploie, c’est à cela que nous devons nous employer ensemble, avec pragmatisme mais aussi avec conviction.

Sans ces projets qui font de nous un ministère dynamique, notamment aux yeux de l’opinion publique, un ministère qui innove, sans ces projets qui sont un formidable facteur de croissance et d’attractivité pour nos territoires, nous n’aurions pu préserver nos moyens.

Je crois bien entendu à la nécessité de dégager des priorités – « Gouverner c’est choisir » disait Pierre Mendès-France - mais cela n’a de sens que si nous sommes à même de mieux répondre aux besoinsqui émergent. En d’autres termes, les priorités ne doivent pas empêcher les redéploiements, les ajustements voire les innovations dans nos actions. C’est la démarche qui a été conduite dans le spectacle vivant : la préservation des crédits a été obtenue grâce à la mise en œuvre d’une réflexion concertée avec les collectivités territoriales afin de mieux organiser les interventions des uns et des autres.

Plus qu’un acronyme froid et technocratique, plus que la traduction d’efforts réels en matière de réduction des effectifs de l’administration, la Révision générale des politiques publiques est porteuse d’une ambition modernisatrice pour le Ministère de la Culture et de la Communication. En quatre années, elle aura permis à la maison créée par André Malraux il y a un peu plus de cinquante ans de s’adapter aux enjeux de la culture au XXIe siècle, mais surtout d’améliorer les services rendus aux usagers des services culturels de l’Etat, dans une volonté de simplification et clarification. En matière de modernisation de l’Etat dans le domaine culturel, des pas importants ont été accomplis, d’autres étapes restent à franchir tant le processus engagé est exigeant et mobilisateur. Je pense notamment aux projets de service, qui doivent permettre de clarifier les missions des uns et des autres au sein de l’administration centrale. Il n’y a rien de plus anxiogène et de plus déstabilisant que le manque de clarté, l’incertitude ou le provisoire. J’ai par conséquent demandé au Secrétariat général, qui pilote la démarche, d’en assurer la mise en oeuvre pour la fin de l’année 2011, après en avoir partagé avec les agents et leurs représentants les orientations.

Renforcer la lisibilité et la visibilité de nos établissements, de nos formations ; améliorer les services rendus aux usagers des administrations culturelles ; réaffirmer les missions mais aussi la gouvernance de nos politiques culturelles, notamment dans un dialogue rénové avec tous les acteurs du territoire : tels sont les piliers de la politique de modernisation de notre ministère. Je suis convaincu qu’elle répond pleinement à l’idée que je me fais de la politique culturelle, une politique qui conjugue désir d’excellence et diversité, efficacité et proximité, performance et accessibilité.

Par ailleurs je sais combien les déménagements successifs que beaucoup d’entre vous vivent ou ont vécu peuvent être déstabilisants. Je souhaite que ces aménagements nécessaires soient effectués dans le plus grand respect des agents et dans la concertation.

Je ne sous-estime pas les tensions actuelles dans les DRAC

Je sais qu’elles tiennent à des problèmes d’effectifs mais aussi à la mise en place de l’outil Chorus. Il ne m’est pas étranger : je suis, moi aussi, confronté aux réclamations de ceux qui n’ont pas reçu leur subvention dans les temps ! Je mesure très bien ce que peuvent ressentir les agents, confrontés à ce genre de situation, s’ajoutant aux difficultés de fonctionnement de l’outil.

Je voudrais toutefois rappeler tout d’abord que le maintien des DRAC dans la réorganisation de l’Etat au niveau territorial est l’expression d’un modèle français. Il constitue une reconnaissance du rôle des DRAC et de la culture en régions qui n’allait pas de soi et que bien des départements ministériels nous envient. Je suis très attentif à ce que ces services bien identifiés, qui sont le visage, la parole et la main du ministère en région, et sans lesquels le ministère n’aurait pas d’existence réelle, ne soient pas fragilisés, que notamment leurs missions de protection du patrimoine ne soient pas remises en cause.

La mise en place de Chorus relève d’une démarche globale au niveau de l’Etat : de toute évidence, elle ne s’est pas déroulée dans des conditions satisfaisantes. Au cours de réunions techniques au Secrétariat général, vous avez pu partager ce constat. Face aux difficultés rencontrées par les agents, des moyens ont été mis en œuvre pour répondre à un certain nombre d’entre elles, en grande partie conjoncturelles.

Les équipes d'experts Chorus missionnées dans les Centres de Services Partagés, les DRAC et les Services à compétence nationale par le secrétariat général et par l’agence pour l’informatique financière de l’Etat ont d'ores et déjà identifié, avec les agents du ministère, des pistes prioritaires afin de simplifier les procédures et d’améliorer les outils. Un bilan complet de ces interventions sera réalisé au cours de l'été. Ses conclusions seront soumises aux équipes gestionnaires concernées. L'objectif est de répondre aux attentes légitimes, aux demandes justifiées des agents : il s’agit d'établir une feuille de route partagée pour le second semestre de l'année. Je demande au Secrétariat général de poursuivre ses efforts d'accompagnement des services dans la mise en place de Chorus et dans la préparation de la fin de l’exercice de gestion 2011.

Vous avez émis le souhait qu’une mission de l’IGAC examine, au delà des difficultés rencontrées pour sa mise en place, les conséquences de Chorus sur le travail des agents. Cette mission est pertinente et j’ai demandé qu’elle soit lancée à l’automne.

Je sais également que les DRAC rencontrent d’importants problèmes d’effectifs, qui ne tiennent pas seulement aux plafonds d’emploi, mais à des difficultés de recrutement dans certains sites ou métiers, notamment dans les Services territoriaux de l’architecture et du Patrimoine, du fait d’un déficit d’attractivité. Je demande au Secrétariat général de me faire des propositions pour la rentrée sur la manière de répondre à cette difficulté, notamment pour les STAP. Et je précise que, lors de mes prochains déplacements en région, j’irai encore plus systématiquement que je ne l’ai fait jusqu’à présent, rencontrer les agents des services déconcentrés.

Je souhaite aussi vous assurer de mon souci et de ma vigilance vis à vis de la prise en compte des risques psycho-sociaux auxquels peuvent être exposés les personnels. C'est une situation dont vous faites souvent mention et qui me préoccupe particulièrement : la souffrance d’un agent, c’est aussi la souffrance de ses collègues, de ses proches.

Je rappelle, à cet égard, que notre ministère a été précurseur en la matière puisqu’il s’est attaché à la rédaction concertée de l'une des premières circulaires sur les risques psycho-sociaux, considérée comme une référence par la Fonction publique. D'ores et déjà, les membres du Comité d’Hygiène, de Santé et de Médecine ont bénéficié d'une formation sur la prévention des risques. Cette dernière bénéficiera à l'ensemble des cadres du ministère. Et je rappelle et salue l’engagement de l'équipe de Médecine de prévention du ministère qui est très engagée sur ces sujets.

Vous avez identifié plusieurs situations que vous estimez constitutives de souffrance au travail, auxquelles j’ai été attentif. Elles ont donné ou donnent lieu à des missions spécifiques conduites par l’inspection générale des affaires culturelles. Les rapports n’ont pas vocation à être diffusés, mais je m’engage à ce que les décisions qu’ils appellent fassent l’objet d’échanges approfondis. En tout état de cause, je le dis clairement, si ces rapports confirment des situations de souffrance au travail, il n’est pas question qu’ils restent sans suite.

Vous soulevez d’ailleurs assez régulièrement la question de la diffusion des rapports de l’Inspection générale des Affaires culturelles (IGAC). Sur ce point, je tiens à être clair : ces rapports sont rendus au ministre pour éclairer ses décisions ; ils n’ont pas vocation à être diffusés. Il me revient éventuellement de décider du contraire, au cas par cas. Cela me paraît le meilleur moyen de préserver leur qualité mais aussi la liberté et l’indépendance de l’analyse : c’est à cette condition qu’ils peuvent être utiles à l’administration culturelle dans son ensemble. Lorsqu’ils ne sont pas diffusés, je rappelle qu’ils vous sont généralement présentés par leur rapporteur.

A SUIVRE…

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