« Le podium, c’est hier qu’on le perd, pas aujourd’hui sur le contre-la-montre. » A quelques pas de là, Jean-René Bernaudeau contemple ce directeur sportif à vélo, le plus vert de tous les Europcar.
Depuis quelques années, personne n’a pu échapper à cette gueule de traviole empruntant à Gilbert Montagné et Jean-Hugues Anglade ses sourires de circonstances, ses larmes opportunes. Un coureur qui meurt dans son lit, il n’était pas loin. Un sponsor qui se barre, il n’est pas loin. Voeckler qui rate le podium, il est tout près. Jean-René pourra toujours passer le reste de sa vie à tenter d’expliquer à son leader protégé qu’il valait mieux que Pierre Rolland prenne le maillot blanc ou lâche le fantôme de Contador plutôt que de défendre ses chances au classement général. Le type qui gueulait « Allez Thomas, allez mec! » dans le micro à côté de Philippe Lafon pendant le contre-la-montre c’était d’ailleurs pas lui. Le sauveur de BBox c’était pas lui non plus. Par contre la Bernaudeau junior, c’est lui.
Les Essarts de conduite
Un tel manager fantôme aurait-il été plus utile aux Schleck que leur Papa ? Bernaudeau leur aurait-il conseillé de sucer Contador pendant 3 étapes ? De mettre Franck en position, pour faire attaquer Andy. Avant d’accompagner royalement Evans et son menton jusqu’à Grenoble. Ils ont tout compris au vélo et ses bonheurs simples, comme prendre le maillot jaune le même jour qu’on perd le Tour.
Pas comme Thierry Adam, un sacré numéro quand même. On pourra toujours croire que les audiences de France télé lui sont dûes. A ce moment-là, on pourrait aussi imaginer que le Tour le plus spectaculaire de ces 20 dernières années est lié au parcours dessiné par Prudhomme. Sacrée idée de mettre des étapes de montagne, de plat, un contre-la-montre et même faire une arrivée sur les Champs-Elysées. Pas mal aussi l’inspiration d’avoir Contador en méforme, Evans en aspirateur de chambre à air, deux Luxembourgeois sur le podium. A Tour exceptionnel, vainqueur de merde. Vivement le résultat de l’édition 2010.