J’aime bien aller me balader sur les sites d’associations de consommateurs, bien que ma profession de syndic soit régulièrement la cible d’attaques. Ces attaques, parfois de mauvaise foi, me font souvent sourire...
Mais une des allégations les plus courantes est vraiment agaçante et peut se résumer ainsi :
«Fuyez ces gros syndics qui sont des voyous et des voleurs pour des petits syndics locaux»
Les gros syndics (Foncia, Citya, Urbania, Nexity-Lamy, Loiselet, Tagerim...) seraient donc des briguants agissant en tous points pour voler leurs clients, tandis que les «petits» agiraient presque en bénévoles et avec philanthropie. Là çà ne fait plus sourire, çà énerve grandement ou parfois cela fait franchement rire nerveusement !
Ce qui se cache derrière ces attaques répétées contre les gros syndics c’est la volonté des associations de consommateurs de réformer l’ensemble de la profession. Et pour faire passer son message mieux vaut s’attaquer à un «gros» qu’au cabinet X de Trifouillis Les Oies. C’est beaucoup plus porteur médiatiquement parlant. Pourquoi ne pas le dire ? Il n’y a pas de discours qui porte plus qu’un discours honnête !
Qui n’a pas entendu parler de ces histoires de syndic qui touchent des sous de la part des entreprises du bâtiment pour s’assurer tel ou tel chantier ?
Oui cela existe ! Mais la pratique est de moins en moins répandue... Elle a même quasiment disparue chez les grands syndics (un employé qui est pris à jouer à cela prend la porte illico).
Les contrats de syndic ne respecteraient pas la loi ? Non parfois les gros syndic et les associations de consommateurs ne sont pas d’accord sur la lecture juridique à la marge. Par contre une part de contrats de petits sont dans l’illégalité la plus totale, souvent par méconnaissance.
Les «gros», de plus en plus contrôlés par des intérêts financiers (banques, fonds...), ne seraient là que pour faire du fric. N’est ce pas la volonté de toute entreprise ? Le «petit» syndic bosse t il bénévolement ? Leurs familles (cela arrive régulièrement) bossent t elles pour des salaires de misère ? Leurs contrats recèlent parfois de pépites de facturation qui feraient pâlir d’envie un syndic appartenant à un groupe.
Les «gros» chercheraient à «avoir» leurs clients avec leurs filiales de courtage en assurances et autres cabinets d’expertises... Où est le mal de faire de l’argent grâce au courtage tout en faisant bénéficier aux clients de conditions souvent avantageuses grâce à la masse ? Et que dire des cabinets locaux entourés d’une myriade de partenaires exclusifs ?
Le monde de la copropriété a beaucoup évolué depuis la fin des années 90 et doit continuer sa mutation pour un service de qualité auprès des consommateurs. Associations de consommateurs, fédérations d’agences immobilières et «gros» syndics doivent travailler ensemble à cela. Mettre les «gros» syndics face à leurs responsabilités est légitime car ils ont la capacité d’entraînement sur la profession. En faire systématiquement des boucs émissaires et les montrer du doigt n’est par contre tout simplement pas honnête.
Ces attaques répétées nuisent à l’ensemble de la profession. Elles découragent de plus en plus de syndics (locaux ou pas), qui dans leur grande majorité font leur travail avec beaucoup de probité.
Il appartient vraiment à la profession de créer cet «Ordre des syndics» et de travailler en étroite collaboration avec les associations de consommateurs afin de faire disparaître les derniers margoulins d’une époque révolue (mais pas si lointaine)...