Pas mal hein?
Bon mais alors, qu’est ce qu’on y voit au juste dans cette vidéo?
Et bien celle-ci s’ouvre sur la nage gracieuse de Chrysaora colorata, une méduse endémique de la baie de Monterey et parée de bandes violettes sur sa cloche. Il n’est pas rare que dans la baie, ces méduses se voient également parées de crabes qui vivent accrochés sur la cloche. En effet, ceux-ci se nourrissent d’amphipodes, des petits crustacés qu’on a déjà admirés sur SSAFT, mais qui causent bien des dégâts sur ces méduses. Du coup, méduses et crabes vivent en bonne entente! Les crabes apportent une défense efficace contre les amphipodes. Les méduses aux piqures particulièrement douloureuses offrent un abris bien utile aux crabes contre ses prédateurs.
On continue ensuite avec un nouveau spécimen de
cténophore (nous en avions vu un,
Mnemiopsis leidyi, durant la visite du New England Aquarium) qui s’appelle
Pleurobrachia bachei ou de manière plus culinaire, groseille de mer. On confond souvent les méduses et les cténophores et pourtant, il s’agit d’espèces appartenant à deux groupes distincts. Les cténophores se caractérisent le plus souvent par les 8 bandes ciliées qui longent la partie globulaire du corps et qui sont en fait composées d’une multitudes de cils battant régulièrement pour permettre au cténophore de se déplacer dans l’eau. Ce sont d’ailleurs les battement de ces cils qui génèrent, par réfraction de la lumière, ces phénomènes lumineux caractéristiques (LamSon, un article sur le sujet?). Ces cils ne produisent donc pas de la lumière et ce n’est que lorsque les cténophores sont illuminés pendant leurs déplacements que ces
arc-en-cils apparaissent.
C’est ensuite une foule de méduses appelées
Chrysaora fuscescens qui font leur apparition dans la vidéo. Et méfiez-vous des apparences: si elles ont l’air paisibles et inoffensives, c’est qu’elles cachent bien leur jeu. Ces méduses sont de furieuses prédatrices qui laissent trainer leurs tentacules et collerettes bardées de
cnidocytes, les cellules à harpons urticants qui leur permettent de paralyser et agripper leurs proies. Et dans l’océan, personne ne vous entendra buller!
Un petit hippocampe nous montre ensuite le chemin avant que l’on ne découvre un majestueux dragon des mers,
Phyllopteryx taeniolatus. Je vous raconte pas ma joie, sachant surtout que j’avais déjà parlé de ces créatures incroyables sur SSAFT. J’étais tout fébrile car, si les dragons des mers communs portent mal leur nom et sont totalement extraordinaires, j’ai comme un faible pour leur espèce cousine, les dragons des mers feuillus
Phycodurus eques. Allais-je enfin avoir la chance de voir ces improbables poissons? (bon, vu que vous avez déjà vu la vidéo, à ce niveau, il est un peu pourri mon suspens…)
C’était vraiment un moment magique. C’est typiquement le genre d’animaux, au
camouflage si complexe, pour lesquels l’évolution a mené à une adaptation quasi parfaite à son environnement: les protubérances charnues qui parcourent le corps du dragon des mers (et dont on distingue quelques structures similaires chez
Phyllopteryx taeniolatus) lui donnent l’apparence des algues qui constituent son lieu de vie. Il s’agit plutôt d’un avantage en tant que prédateur que proie, puisque le dragon des mers feuillus passe le plus clair de son temps à gober (bizarrement, il a perdu ses dents au cours de son étrange parcours évolutif…) divers crustacés, parfaitement dissimulé dans le varech.
Je passe rapidement sur les différents spécimens qui montrent leur bout de nageoire: deux hyppocampes knysna (
Hippocampus capensis) et un Syngnathe (pipefish en anglais) appelé
Syngnathus leptorhynchus.
Puis c’est une seiche pharaonique,
Sepia pharaonis, qui pointe le bout de ses
bras et
tentacules. Celle que j’ai filmée semblait d’ailleurs en pleine séance d’étirements… On remarque aussi le changement ultra rapide de couleurs de la peau dont est capable cette seiche: il y a en partie un phénomène d’iridescence sur la frange de son manteau, mais le reste de sa peau porte des
chromatophores, des cellules emplies de pigments et dont la contraction fait varier la couleur, réflectivité et opacité. Je pense que le mieux que je puisse vous offrir, c’est un article dédié à ce phénomène trop Funky dans un proche futur!
Puis vient le moment de clore en beauté toute céphalopodienne cette visite filmée avec l’entrée majestueuse de la
Pieuvre géante du pacifique,
Enteroctopus dofleini. Cette espèce pèse en moyenne 15 kilos pour une envergure (longueur d’un bras) de 4,3 mètres. Ces 8 bras portent au total plus de 2000 ventouses (dont j’ai parlé ici) qui servent à la fois à agripper objets et proies, mais aussi à les gouter et les sentir. Vous remarquerez que le spécimen que j’ai filmé semblait particulièrement avide de me renifler…
Voila, c’est tout pour cette vidéo. Quelques spécimens curieux observés durant ma visite n’y apparaissent pas, comme ces poissons plats de la famille
Citharichthys, caractérisés par leurs yeux situés sur la face gauche et leur capacité à se fondre dans leur environnement:
Et cette sublime pastenague américaine qui m’a offert un aperçu de son anatomie:
Remarquez que mon cliché fait pâle figure face aux exploits photographiques d’Henry Horenstein…
Sur ce, je vous abandonne en espérant vous avoir procuré une envie de plonger dans l’océan.
Liens: Monterey Bay Aquarium