« Ils ont tenté de m’envoyer en cure de désintox’, j’ai dit non, non, non » (They tried to make me go to rehab, I said no, no, no) »…
Après Kurt Cobain, Jimi Hendrix, Jim Morrison, Janis Joplin et Brian Jones, c'est Amy Whinehouse qui n'a pas su attendre d'avoir plus de 27 ans pour mourir...
Si on sait fort bien que « soigner » la toxicomanie ou l'alcolisme (à fortiori les deux) demande l'adhésion de ceux qui en souffrent, on ne peut néanmoins que s'interroger...
Sur l'état d'esprit de son entourage professionnel, qui l'a laissée monter sur scène en juin dernier à Belgrade dans un état qui ne pouvait que solder ce concert par un plantage épouvantable.
Sur la rapidité de la dernière cure d'Amy Winehouse (j'ai lu 8 jours !!!).
Sur l'absence de prise en charge au moment où elle a été retrouvée morte alors que trois jours plus tôt on ne pouvait fermer les yeux sur son état de santé inquiétant lors d'un concert de Dionne Bromfield, dont elle était la marraine...
Etait-elle à ce point impossible à protéger d'elle-même ?
Plus que le souvenir de l'addict écorchée vive, borderline et suicidaire, je préfère conserver l'écho infini des talentieuses créations musicales qui la feront sans nul doute passer à la postérité.
« Bien plus qu’une voix, bien plus qu’une interprète, Winehouse était une auteure-compositrice douée d’un génial sens de l’arrangement des instruments comme on en croise peut-être que trois ou quatre dans une génération de musiciens. Ses deux albums, et plus remarquablement encore le second, Back to black (2006, il y a cinq ans déjà) portaient en eux un souffle d’évidence, une puissance de feu, qui en feront assurément des candidats à la postérité soul : des disques majeurs, sublimement bien chantés et joués, devant lesquels les ados de 2050 s’inclineront comme Amy le fit elle même, jeune Anglaise folle de musique black américaine, devant les disques d’Aretha Franklin et Roberta Flack ou des plus classiques Dinah Washington et Ella Fitzgerald. Une géante, donc, assurément, malheureusement incapable d’affronter ses propres démons ».
Télérama, 23 07 2011, Emmanuel Tellier