Magazine
Lakay se lakay, c’est comme Home sweet home (maison sucre maison !!), ça ne se traduit pas littéralement. La maison c’est la maison. En atterrissant sur PAP de Montréal, Miami ou Paris, les haïtiens disent Lakay se lakay. Un espèce de bienvenue chez soi à soi. Depuis le tremblement de terre, cette lakay est devenue le centre de bien des enjeux pour des milliers d’haïtiens. Je ne parle pas uniquement des plus défavorisés, mais de ceux qui tous les jours travaillent et qui continuent à dormir sous une tente. Un des directeurs du Ministère avec qui je travaille fait du camping depuis plus 18 mois. Il entre tous les jours au travail aussi bien mis que le matin du 12 janvier 2010. Deux banques (détenues en grande partie par des fonds de l’État) ont lancé cette semaine un programme de près hypothécaires. Kay pa’m (ou kay pam), une maison pour moi, vise à aider les employés de la fonction publique et ceux qui ont un emploi stable à retrouver une maison. 8% d’intérêt garanti sur 30 ans. Ce n’est pas rien, surtout que l’intérêt (hypothécaire ou non) a davantage tendance à voisiner les 25%. À un tel loyer de l’intérêt, personne n’emprunte sauf avec la certitude de pouvoir combler très rapidement le trou dans la poche qu’il fallait colmater. Un proche a emprunté à un taux de 24% pour faire des rénos importantes suite au séisme. Je pense donc à mon collègue du Ministère, il pourra sûrement enfin reconstruire sa maison, sortir enfin de sa tente. Ça ne lui redonnera pas sa bonne humeur, il ne l’avait jamais perdu !