D'emblée, un grand bravo à Isabelle Doval. Après un Rire et châtiment inspiré et transcendé par son mari José Garcia, la réalisatrice a fait le choix ô combien respectable de mener sa barque indépendamment de son époux et de ses amies les stars. Pas sûr que beaucoup de femmes de (ça marche aussi avec "fils de" et autres liens de parenté) aient fait de même. Surtout pas pour prendre le parti du contre-pied le plus total en offrant la tête d'affiche de leur deuxième long à deux gamins de 12 et 14 ans.
Visant une cible de pré-ados, Un château en Espagne est le récit d'une amitié vraie et forte entre deux petits mecs ayant pourtant reçu des éducations bien différentes. Voilà un film garanti sans cynisme, prônant l'ouverture aux autres et la solidarité. Aucun méchant, que des bons sentiments : ça peut légitimement exaspérer les plus de 16 ans, qui auront l'impression d'assister à un long spot publicitaire pour une marque de purée ou de pâte à tartiner. D'autant que si le côté "djeunz" est plutôt réussi, les quelques scènes entre adultes (concernant notamment la vie sentimentale du personnage d'Anne Brochet) sont à la fois caricaturales et hors de propos.
Pour le reste, Un château en Espagne remplit plutôt bien son contrat. De l'intrigue de base découle un vrai suspense allant crescendo, ce qui fait de la dernière demi-heure la plus agréable du film. Et l'on se laisse volontiers cueillir par une fin inhabituelle pour ce genre de film : en deux scènes très fortes (une longue scène musicale, l'autre courte et muette), Isabelle Doval parvient à nous prendre à la gorge. De quoi faire oublier le tas de petites maladresses et incohérences qui jalonnent le film, qui constitue tout de même le contre programme idéal pour les parents souhaitant éviter à leurs enfants les hordes de blockbusters stupides qui fleurissent en ce mois de février.
5/10
(également publié sur Écran Large)