Knut le viking
La toute première fois qu'il dessine une histoire de son cru, il invente les aventures d'une communauté viking. Un petit village côtier, des indigènes forts en gueule, un sorcier, un apprenti barde, des armées traîtresses les entourant et complotant contre eux... Knut le Viking est né (1973) et tout nous paraît étrangement famillier.
A travers la fascination du jeune Dick pour Uderzo c'est notre propre imprégnation qui s'étale le long de ces planches. Que nous soyons corses ou hollandais, depuis notre plus jeune âge nous avons respiré Uderzo. La grammaire des gestes qu'il a mise en place a durablement marqué notre inconscient visuel. Les démarches et les expressions qu'Uderzo a créés ont influencé notre façon de voir nos congénères.
Tel père tel fils s'intitule ce premier et unique épisode, aveu évident d'une filiation surprenante, mais assumée. Elle serait difficile à nier, il y a même des sangliers !
Ce n'est certainement pas une lecture indispensable, mais il est intéressant de voir comment un style se décline. Matena pratique le Uderzo deuxième période (disons de Astérix le Gaulois à Chez les Goths), mais en le baroquisant un chouia. Il ne peut s'empêcher d'ajouter quelque fioritures et détails et n'arrive pas à atteindre la lisibilité de son modèle. Ici les plans ont tendance
à se mêler ce qui rend la lecture plus laborieuse. Un défaut que le Hollandais saura corriger dans la suite de sa carrière (certaines de ses planches ultérieures paraîssent même parfois un peu vides).Knut le viking fut édité en France en 1980 par les éditions du Triton, sous la responsabilité de Fershid Bharucha, toujours lui.