Plusieurs médicaments pris par les aînés seraient liés à un déclin cognitif et une augmentation de la mortalité.
Une étude britannique publiée dans le Journal of the American Geriatrics Society au début de l’été a suscité un vif intérêt dans la communauté médicale.
Chris Fox de l’Université de East Anglia et Carol Brayne de l’Université de Cambridge ont, avec leurs collègues, mené cette étude avec 13.000 personnes de plus de 65 ans pendant deux ans.
Ceux qui maîtrisent l’anglais voudront peut-être regarder une courte vidéo du Dr Chris Fox, l’un des chercheurs de cette étude.
Il lance un appel aux médecins afin qu’ils reconnaissent la dangerosité des combinaisons de ces médicaments et les incite à prescrire des alternatives inoffensives.
Au banc des accusés, quelques-un parmi les 80 médicaments largement utilisés (et parfois vendus en vente libre) identifiés dans l’augmentation de risques graves pour la santé :
- des antidépresseurs (amitriptyline, imipramine et clomipramine)
- des tranquillisants (chlorpromazine et trifluoperazine),
- des antitussifs (Broncalene, Broncorinol),
- des antihypertenseurs (Atenolol),
- des diurétiques (Aldalix, Furosemide),
- des antiashmatiques, dont certains sont parfois utilisés comme somnifères (chlorphenamine, Asmabec, Beclojet, Nytol, Sominex, Unisom),
- des antiépileptiques (Tegretol),
- des médicaments utilisés pour le traitement du glaucome (Azarga, Combigan, Cosopt),
- des médicaments utilisés pour le traitement des incontinences urinaires (oxybutynin).
Dans cette étude on apprend aussi que le problème vient du fait que la plupart des recherches cliniques est réalisée sur des adultes âgés de moins de 65 ans, et que ces recherches fournissent des preuves limitées de ce qui est ou n’est pas bénéfique pour les personnes âgées. Ainsi, les traitements les plus acceptés pour les personnes âgées sont basés sur la pratique passée, plutôt que sur des conclusions scientifiques.
Ce drame sanitaire tient, évidemment, à des comportements individuels de prescription, conjugués, en plus, à l’absence désormais régulière de coordination entre les divers intervenants (cardiologue, psychiatre, orthopédiste, urologue…) – laquelle, en principe, devrait correspondre au rôle le plus éminent du généraliste (on peut rêver…). Mais il tient également à des problèmes sanitaires relevant en dernier ressort du politique et de son pouvoir de réglementation/contrôle. C’est un fait d’observation, en effet, que les abus qui viennent d’être décrits sont encore aggravés dans le cadre général des maisons de retraite – notamment celles qui affichent la « médicalisation » comme argumentaire promotionnel.
Je vous recommande chaudement la lecture de l’article complet du Dr. Marc Girard (lien ci-dessus).
On en parle aussi sur : Psychomédia .qc.ca – 6 juillet 2011
En chiffres…
Voici quelques chiffres extraits du compte rendu d’un spécialiste en gériatrie, publié sur le site The University of Alabama at Birmingham: Andrew Duxbury, M.D.
On y apprend qu’aux USA seulement, 140 000 personnes âgées décèdent chaque année de problèmes liés aux médicaments.
3 X le nombre de personnes qui meurent d’un cancer du sein ou de la prostate.
Parmi les adultes de 65 ans ou plus qui sont hospitalisés
- un sur trois verra son état s’aggraver durant son séjour en raison des médicaments qui lui seront administrés.
Et c’est sans compter que 10 à 20% des hospitalisations chez cette même clientèle, le sont en raison de médicaments pris de façon incorrecte.
Les effets indésirables des médicaments représentent le numéro un des problèmes de santé actuellement posés en gériatrie, et c’est celui sur lequel on peut faire quelque chose.
Dans notre culture, la magie prend la forme d’une ordonnance.