Les patients cardiaques qui arrêtent de prendre l'aspirine qui leur a été prescrite à faible dose quotidienne pour prévenir de nouvelles crises cardiaques ont un risque accru de 63% de récidive. Ces patients ne doivent donc pas cesser leur traitement sans d'abord consulter leur médecin, selon cette étude co-menée par 3 centres de recherche dont celui du laboratoire Astra Zeneca et publiée dans l'édition en ligne du 19 juillet du British Medical Journal.
Prendre de l'aspirine à faible dose chaque jour est un traitement standard pour prévenir les crises cardiaques chez les personnes à antécédents de maladie cardiaque, mais les chercheurs estiment qu'environ un patient sur 2 sous prescription, interrompt son traitement. Cette étude a examiné l'impact de l'arrêt de l'aspirine sur le risque de récidive et jusqu'aux décès liés aux maladies cardiaques.
Ces chercheurs du Spanish Centre for Pharmacoepidemiologic Research, de l'Université de Gothenbourg (Suède) et du centre de recherche du laboratoire AstraZeneca ont comparé les risques chez les patients qui poursuivent ou viennent d'interrompre leur traitement. Ils concluent que l'arrêt de l'utilisation d'aspirine accroît le risque de récidive de crise cardiaque non fatale de 63%. Cela équivaut à 4 cas supplémentaires de crises cardiaques pour 1.000 patients ayant stoppé leur consommation d'aspirine.
Cette étude est basée sur les données d'une étude de cohorte de longue durée au Royaume-Uni, la Health Improvement Network (THIN) study menée sur plus de 3 millions de patients et cherchant à déterminer comment la prise ou l'arrêt de l'aspirine sont associés au risque de crise cardiaque et de décès par maladie coronarienne chez des patients à antécédents d'événements cardiovasculaires tels que crise cardiaque ou AVC. Les auteurs ont travaillé sur une sélection de 40.000 participants âgés de 50 à 84 ans, sous faible dose d'aspirine (75-300mg par jour) pour la prévention d'autres événements cardiovasculaires et sur un groupe témoin.
876 crises cardiaques non mortelles et 346 décès par maladie coronarienne sont intervenus en cours d'étude dans le groupe des 40.000 patients éligibles. Le taux global de crises cardiaques non mortelles était de 6,87/1.000 personnes-années (sur 1.000 personnes suivies pendant un an, environ sept personnes ont eu une crise cardiaque non fatale). Le taux global de décès par maladie coronarienne était 2,71 pour 1.000 années-personnes.
Le risque d'avoir une crise cardiaque non fatale augmente de 63% chez les patients qui ont récemment arrêté de prendre leur prescription d'aspirine à faible dose, comparativement aux patients qui ont poursuivi leur traitement (OR:1,63, IC: 95%de 1,23 à 2,14). Le risque de décès par maladie coronarienne augmente de 7% (OR: 1,07, IC: 95% de 0,67 à 1,69).
Et, selon le motif de l'arrêt,
- une augmentation du risque de 80% de crise cardiaque non fatale chez ceux qui ont cessé par manque d'observance (OR: 1,80, IC:95% de 1,31 à 2,48)
- une augmentation du risque de 119% de crise cardiaque non fatale chez ceux qui ont cessé en raison d'un changement de traitement (OR: 2,19, IC:95% de 1,04 à 4,60)
- pas de modification significative du risque de crise cardiaque non fatale chez ceux qui ont cessé en raison de problèmes de sécurité (OR: 0,93, IC: 95% de 0,42 à 2,05)
- pas de modification significative du risque de crise cardiaque non fatale chez ceux qui ont cessé pour passer à l'aspirine OTC (OR: 0,86, IC:95% de 0,25 à 2,89)
Les chercheurs rappellent donc aux patients ayant des antécédents cardiovasculaires qui arrêtent de prendre leur aspirine quotidienne à faible dose sans avis médical, qu'ils ont un risque accru de crise cardiaque à venir par rapport à ceux qui poursuivent ce traitement, sous prescription.
Source:BMJ2011; 343:d4094 (Published 19 July 2011)Discontinuation of low dose aspirin and risk of myocardial infarction: case-control study in UK primary care (Visuel Bayer à titre purement illustratif)