J’ai couru jusqu’à ce que le temps s’arrête devant Submarine, une bulle de bonheur cinématographique venue de chez nos voisins les britanniques par le biais de Richard Ayoade. Qui est-il ce jeune cinéaste pour venir ainsi perturber l’idée selon laquelle les meilleurs réalisateurs d’outre-manche sont soit vieux soit installés aux États-Unis ? J’ai dû courir trop vite car voici que je me suis empalé tout entier sur ce film qui n’a de petit que l’apparence et qui cache en son sein un admirateur certain, au choix d’Hal Ashby ou de Wes Anderson, certainement des deux, et donc quelqu’un qui a du goût, pas qu’un peu.
J’ai couru en rythme avec Oliver Tate, un adolescent unique qui rêve de se fondre dans la masse. Un gamin solitaire qui se voit un peu plus beau et bon que ce qu’il est. Un jeune homme en quête d’amour, de sexe, de connaissances et de quiétude familiale. Il veut faire craquer Jordana, cette fille mystérieuse qui est dans sa classe, mais il désire tout autant que le couple que forment ses parents demeure malgré la zone de turbulence qu’ils traversent.
J’ai couru avec Oliver comme je cours avec les héros de Wes Anderson. J’ai couru pour attraper cette émotion, cette mélancolie, ces obsessions humaines irrépressibles rythmées par la pop mélodieuse d’Alex Turner (sans les Arctic Monkeys). J’ai couru vers le film et en suis sorti apaisé et flottant par ce mélange si doux d’amertume et de bonheur à l’humour électrisant. Je m’y suis vu, un peu, parfois même beaucoup. Je ne suis pas venu une heure à l’avance pour être bien placé comme Oliver le fait dans le film. Pas cette fois. Mais je le ferai peut-être pour le prochain film de Richard Ayoade.J’ai tellement couru que je vais prendre quelques jours de vacances, heureux d’avoir vu une perle avant de partir.