C’est un prélat d’un rare courage. Nommé coadjuteur au Mexique de Dom Samuel Ruiz, il avait pour mission de contrôler et de neutraliser cet évêque évangélique et prophétique qui déplaisait au Nonce Apostolique Mgr Girolamo Prigione. Défenseur de la théologie de la libération et des communautés ecclésiales de Base, actuellement évêque de Saltillo, Mgr Raul Vera Lopez est un dominicain de 66 ans dont nul ne conteste l’envergure et la forte personnalité.
Il a défendu le mariage des gays et plaide pour une plus large place des femmes dans l’Eglise. De quoi se faire des ennemis parmi les bien-pensants. Mais c’est également l’engagement social de l’évêque qui le met en danger. Des menaces viennent d’être faites à l’évêque de Saltillo. Ecrites sur quatre pancartes placés dans sa cathédrale. Récemment Mgr Vera Lopez a tenu des paroles très dures contre les groupes de la délinquance organisée. Il a fait référence à de nombreuses disparitions et à la séquestration d’enfants utilisés ensuite par des bandes criminelles pour faire de mauvais coups. Certains estiment que l’évêque de Saltillo devraient se cantonner à sa sacristie. Nous pas. Mgr Gerardo Escareno Arciniega, son vicaire général souligne combien l’engagement de l’évêque dominicain s’inscrit bien dans sa mission pastorale.
On redoute une collusion de circonstance entre certains milieux troubles et les secteurs conservateurs de l’Eglise qui ne parviennent pas à digérer le revirement de Raul Vera Lopez, d’abord très classique. Et on peut songer à l’assassinat resté mystérieux en 1993 du cardinal Juan Jésus Posadas Ocampo, archevêque de Guadalajara. Dont on sait le combat qu’il menait contre le crime organisé dénonçant les intérêts financiers en présence.