Nécessaire, bien sûr, mais.... suffisant ?

Publié le 22 juillet 2011 par Egea

Il y a donc eu un accord, hier soir, à Bruxelles. C'était nécessaire, bien sûr : car s'il n'y avait "rien" eu, c'est pour le coup que ç'aurait été une journée historique : genre "jeudi noir". L'échafaudage pour sauver la Grèce est donc solidifié.

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Pour autant, est-ce vraiment satisfaisant ?

1/ SI je comprends bien l'accord, celui-ci repose sur trois choses :

  • - une sorte de rééchelonnement de la dette grecque : on ne le dit pas comme ça, mais c'est bien d'une restructuration qu'il s'agit. L'agence Fitch ne s'y trompe pas qui parle de défaut.
  • - une contribution des institutions financières, avec un système de menu : au début, on se dit que tout ça est bien compliqué, puis finalement on comprend qu'une banque n'a pas les mêmes horizons et contraintes qu'une assurance ou qu'un fonds de placement : du coup, offrir plusieurs options permet à chacun de participer, sur la base d'un volontariat qui va être très incité : car il y a de la rationalité économique dans l'incitation : mieux vaut perdre un peu maintenant, que tout demain...
  • - une augmentation du pouvoir du FESF (Fonds Européen de Solidarité Financière) : il est pérénisé (comprendre : il durera au-delà de 2013, ce qui signifie qu'il devient une sorte d'institution européenne), et pourra recapitaliser les banques (c'est-à-dire aider à la régulation financière de la zone, en partenariat avec la BCE).

2/ Bref, on complaît à dame Merkel ("les banques paieront", écho lointain de "l'Allemagne paiera") et on complait à sieur Sarkozy (le FESF est augmenté, et on avance donc vers un fédéralisme budgétaire, ce qui vu de Paris consiste à codiriger l'éconmie européenne avec l'Allemagne, bref, à prendre un peu de son pouvoir économique).

3/ Mais on a le sentiment que c'est au dernier moment. Une sorte de "trop peu, trop tard". Je dois être pessimiste. Mais je me souviens, il y a un peu plus d'un an, déjà, on entendait "l'euro est sauvé, on a mis 100 G€ sur la table pour renflouer la Grèce". Et ça n'a pas suffi. Un peu la faute au Grecs (ceux qui manifestent dans les rues d'Athènes sont probablement les mêmes à ne pas payer d'impôts et à frauder sans cesse), un peu la faute à pas de chance (le plan de rigueur portugais qui ne passe pas), un peu la faute à l'inflexibilité de dame Merkel et l'intransigeance de la classe moyenne allemande, un peu.... Mouais : et s'il y avait qq chose de plus structurel ?

4/ La zone euro, l'Europe est probablement une des zones les plus riches et finalement, les moins déséquilibrées du monde, quand je compare aux Etats-Unis (ouh! la! la! ) ou à la Chine (qui découvre une inflation galopante qui aurait compensé la sous-évaluation du Yuan). Et elle a largement les moyens de payer pour le défaut grec. Le fond des choses me semble plus grave que ça : en fait, une construction économique au bord du gouffre systémique, à cause de pyramides de crédits privés et publics auprès desquels Madloff est de la bouillie de chat.

5/ En fait, le manque de vision poltique de nos dirigeants européens tient peut-être à l'intuition profonde que la machine macro économique est, de toute façon, incontrôlable.

6/ Je crains que la décision de jeudi ne suffise pas. Mais je suis bien en peine de dire ce qui aurait suffit..... Disons que je ne suis pas foncièrement rassuré. C'est une sorte de "encore cinq minutes, monsiuer le boureau". Et je contrebats immédiatement mon pessismisme en me disant que cela fait tellement de temps que je crois le système au bord de la rupture (et par exemple ici) et que toujours, il réussit à s'en remettre, qu'il doit bien y avoir une espèce de résilience économique, en dépit de toute explication rationnelle.

Bref, une catastrophe évitée, mais pour combien de temps ?

O. Kempf