politiques afin que nos engagements aient un sens».
Rédaction de 237online : Andy Roland NZIENGUI, c’est votre nom. Vous ne vous êtes pas adressé à ce Sommet uniquement en qualité de Vice-Président de l’UPJ. Mais aussi et surtout comme jeune africain.
Andy Roland NZIENGUI : Oui effectivement et merci pour cette autre opportunité qui m’est offerte une fois de plus de prendre la parole au nom de cette jeunesse africaine dans le contexte actuel qui est marqué par le débat sur l’accélération de l'autonomisation des jeunes pour un développement durable. Si nous en sommes arrivés là, c’est grâce à des personnalités que j’aimerai tout d’abord remercier. Si vous me le permettez bien sûr.
Je tiens particulièrement à remercier la Commission de l'Union Africaine, notamment le Président Jean Ping pour son engagement et son soutien indéfectible à la jeunesse du continent, le gouvernement de la République du Soudan, qui n'a ménagé aucun effort pour offrir un immeuble de deux étages pour servir de siège à l'Union Panafricaine de la Jeunesse. Enfin je voudrais remercier Son Excellence Monsieur Obiang Nguema Mbasogo, Président de la République de la Guinée Équatoriale et Président en exercice de l’Union Africaine, pour son engagement personnel en faveur de la jeunesse africaine, comme en témoigne, la tenue du présent sommet ici à Malabo consacré aux questions liées aux jeunes comme préoccupation centrale des débats.
237online : Il va s’en dire que ce sommet dont le thème a été centré sur la jeunesse part d’une volonté politique qui remonte aux années 2005…
Andy Roland : les chefs d’Etat et de Gouvernement du continent ont fourni des efforts inlassables et aujourd’hui l’on peur mesurer les progrès accomplis depuis la Déclaration de la Jeunesse Africaine prononcée devant le 23ième Sommet Afrique-France tenu à Bamako en Décembre 2005. C’est d’ailleurs lors de ce sommet que la jeunesse du continent a laissé entendre que, je cite : «Si les politiques ne s‘occupent pas de la jeunesse, le vent du changement, en contexte démocratique, conduira la jeunesse à s’occuper des politiques afin que nos engagements aient un sens». Et depuis lors, les statistiques sont suffisamment poignantes : plus de 60% de jeunes ont entre 15 et 35 ans ; ces vecteurs de changement social et politique, cet énorme potentiel, c’est une chance inouïe qui ne doit être ni ignorée, ni gaspillée. Cela risque de devenir une grande menace si rien n’est fait.
237online : Sommes-nous dans un contexte de menaces vers les dirigeants politiques ? Le ton semble dur ne le trouvez-vous pas ?
Andy Roland : Le contexte est celui d’un gaspillage des chances du changement social et politique de l’Afrique. La véritable menace c’est de ne rien faire. Partant du simple fait que cette jeunesse est un potentiel énorme. Tenez par exemple, Son Excellence Maître Abdoulaye Wade, Président de la République du Sénégal affirmait: « dis-moi quelle jeunesse tu as, je te dirais quel peuple tu seras ». Il s’agit en d’autres mots d’en finir avec les longs et élogieux discours et rapports de réunions et passer à l’action, l’action qui porte le changement. Les enjeux sont grands et les défis nombreux, mais l’Afrique doit s’engager pour de réels changements, pour des changements immédiats en faveur de la démocratie, de la bonne gouvernance, de la paix, de l’environnement, du développement durable…
237online : le terme « changement » n’est pas nouveau dans les discours politiques justement. Pensez-vous que la jeunesse africaine soit suffisamment mature pour impulser ces changements ?
Andy Roland : les jeunes que vous voyez là sont des leaders d'aujourd'hui et non de demain. Ils peuvent promouvoir et provoquer des changements insoupçonnés, c’est pour cela que le dialogue intergénérationnel franc et fréquent devient de plus en plus urgent pour établir les bases d’une compréhension mutuelle, facilitant la mise en œuvre rapide et efficace de programmes d'autonomisation des jeunes, de participation réelle à la création de richesse, aux fora et processus de prise de décision. Le rêve africain est immense, parce que les enjeux du développement sont immenses. Des changements radicaux sont attendus au sein des hommes et des femmes dirigés par ses mêmes Chefs d’Etats et de gouvernement ; davantage au sein des jeunes des pays respectifs. Cette légitime aspiration est de plus en plus exprimée et parfois de façon très radicale; à preuve la Tunisie, l’Égypte, la Libye, la Syrie, le Yémen, etc.
237online : A chaque fois que le spectre de la Tunisie planerait dans des discours de jeunes, n’y aura-t-il pas comme une sorte de blocus dans les pourparlers qui seraient au contraire bénéfiques pour tous ?
Andy Roland : Il ne faut pas se voiler la face, les faits sont présents. De plus, les meilleurs rois ont écouté les chansons populaires pour mesurer l’état d’esprit et le moral de leurs peuples. C'est pourquoi, les jeunes expriment leurs réelles volontés d’être intégrés aux nombreux chantiers et travailler pour un lendemain meilleur pour le continent. Nous, jeunes leaders Africains, adhérons à une vision panafricaniste qui contribuera à sortir l'Afrique de l’impasse et en arriver a l’édification des Etats unis d’Afrique. Au sein de l'Union Panafricaine de la jeunesse, nous fédérons toutes les organisations de jeunesse et nous œuvrons à impulser une nouvelle vision de l'Afrique, cette Afrique audacieuse, entreprenante, innovante et qui bouge pour des changements constructifs... Avec le Réseau des jeunes leaders des Nations Unies, nous sommes non seulement au cœur des combats pour lutter contre la pauvreté avec comme point d'entrée le VIH/SIDA afin d'atteindre les Objectifs du Millénaire pour le développement (OMD), mais aussi pour répondre aux besoins urgents de développement et d’autonomisation des jeunes en Afrique.
237online : A vous entendre, on croit se retrouver au Cameroun lors de la Conférence Africa 21 où l’une des contributions visait le développement humain et donc de la jeunesse pourra-t-on le dire.
Andy Roland : Effectivement, lors de la Conférence Africa 21 au Cameroun, son Excellence Ali Bongo Ondimba, Président de la République du Gabon déclarait : "la dure et la vraie réalité est que l'Afrique n'a pas suffisamment investi dans le développement du capital humain, pour tirer profit des avantages que représente sa population juvénile et d'ajouter que les jeunes africains peuvent changer le monde et doivent changer le monde". Bien avant lui, en 2007, S.E Monsieur Alpha Omar Konaré, interpellait la jeunesse en ces termes: «vous devez être la génération de l'Excellence qui défendra avec succès la Paix et le développement durable de l'Afrique». Pour y arriver il faut une réponse forte et un engagement des Etats qui passe par certaines réformes au plus haut niveau.
237online : quelques unes de ces réformes, vous nous le disiez en coulisses peuvent être formulées en propositions pour l’intégration de la jeunesse dans les processus de développement durable.
Andy Roland : C’est exact et je citerai entre autres : la ratification de la Charte Africaine de la Jeunesse et sa mise en œuvre rapide, ainsi que la mise en œuvre du Plan d'Action pour la Décennie de la Jeunesse et les OMD ; la création de nouvelles opportunités de renforcement des capacités des jeunes et l’optimisation des opportunités positives de la mondialisation et des Technologies de l'Information et de la Communication (TIC); l’accès à l’information, aux services et aux ressources existantes facilitant l’intégration économique des jeunes; l’augmentation des ressources allouées aux activités, à l’éducation, à la création des campus numériques, à la formation ouvertes et à distance, à la sante, aux divers programmes en faveur de la jeunesse ; la réaffirmation de l’idée d’accorder à l'Union Panafricaine de la Jeunesse (UPJ) et ses structures régionales le statut d’institutions spécialisées de l'Union Africaine, tant au niveau continental, que régional et national, ainsi qu’au sein de la Diaspora ; la création et ou la redynamisation des conseils nationaux des jeunes gérés et dirigés par les jeunes.
237online : tout un chapelet de propositions…
Andy Roland : qui peuvent être mises en application à l’issue des travaux de ce sommet de l’union africaine. J’ajouterai d’ailleurs, l’appui à la création d'une agence des Nations Unies pour la jeunesse ; l’appui à la création d’une Direction en charge du développement de jeunes au sein de la Commission; la mise en place dans chaque pays d’un Ministère en charge exclusivement du développement des jeunes et le renforcement des capacités financières et techniques des Ministères de la jeunesse ; la mise en œuvre de la résolution demandant aux États membres d'inclure les jeunes dans les délégations officielles des réunions de l'Union africaine, des Nations Unies et de toutes autres rencontres internationales, la Promotion et l’institutionnalisation de la culture du volontariat parmi les jeunes et l’appui des États membres à la mise en œuvre du Corps des jeunes volontaires de l’Union africaine, vu son importance dans le développement des capacités des jeunes.
237online : tout ceci ne nécessite-t-il pas un consensus ? Quelle est l’opérationnalité, je voudrai dire la faisabilité de ces propositions ?
Andy Roland : En quelques mots, je dirai que nous sommes prêts et bien préparés à travailler en étroite collaboration avec nos Etats respectifs, pour la formulation de politiques, programmes et le processus décisionnels au niveau national et au-delà. Nos capacités, nos connaissances et expertises peuvent être optimisées pour des rendements de qualité en vue d’un développement durable.
237online : s’il vous était donné de vous résumer en une minute.
Andy Roland : les jeunes sont porteurs de changement, ils veulent continuer de promouvoir le changement en autant que les opportunités leur soient données. Souvenez vous de cette phrase de Bernanos:"c'est la fièvre de la jeunesse qui maintient le monde à la température normale, lorsque la jeunesse se refroidit le reste du monde claque les dents". Je voudrai enfin remercier votre rédaction pour ce relai informationnel. Que tous les jeunes camerounais par ses mots soient salués.
Eddy patrick Donkeng