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(Pilote UK) The Hour : ambiance 50s' pour une révolution de l'information sur fond de conspiration

Publié le 22 juillet 2011 par Myteleisrich @myteleisrich

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Si les années 50/60 ont été remises au goût du jour téléphagique avec Mad Men, l'ambiance de cette époque et les salles de travail enfumées resteront le seul parallèle tangible que l'on pourra dresser avec la nouvelle série de BBC2. Il faut d'ailleurs reconnaître à la chaîne anglaise un certain sens du timing en lançant The Hour, portant sur la révolution de l'information dans les médias à la fin des années 50, cette semaine, alors que l'Angleterre est en plein "hacking-gate".

Créée et écrite par Abi Morgan (à qui l'on doit notamment la marquante mini-série Sex Traffic), la diffusion de The Hour a débuté le 19 juillet 2011. Six épisodes ont été commandés. Avec son atmosphère soignée, son casting flamboyant et son sujet intéressant, le pilote de cette nouvelle série a laissé entrevoir un potentiel incontestable, avec un twist conspirationniste des plus intrigants. Une chose est certaine : la série a retenu mon attention.

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The Hour débute à Londres, en 1956. Freddie Lyon, journaliste aussi brillant que profondément idéaliste, étouffe dans le carcan rigide du programme auquel il participe, rédigeant des brèves sur des sujets qui tiennent plus du divertissement que de l'information. Avec une de ses plus proches amies, Bel Rowley, il caresse le rêve de révolutionner l'approche télévisuelle de l'actualité, délaissant les compte-rendus des mondanités de la haute société, pour de réelles investigations et une vraie réactivité aux évènements de ce monde. Passionné et goûtant peu aux compromis, Freddie a bien besoin du pragmatisme de Bel pour contrebalancer certaines de ses sorties, voire plaider en sa faveur lorsqu'il s'aliène les mauvaises personnes.

Les deux jeunes gens voient une chance inestimable pour leur carrière lorsque la BBC envisage la création d'une nouvelle émission d'information. Ce programme a l'ambition de moderniser la manière dont l'actualité est traitée à la télévision. Une équipe de journalistes est rassemblée. Bel a la surprise de se voir offrir le poste convoité de productrice, mais Freddie, rêvant de présenter le magazine, doit se contenter de couvrir les news nationales ; un job qu'il finit par accepter bon gré, mal gré. C'est à un nouveau venu, Hector, qu'est confié la responsabilité d'être le visage du nouveau programme. Ses connexions et son réseau social n'y sont sans doute pas étrangers.

Comment cette émission va-t-elle voir le jour ? De quelle indépendance et marge de manoeuvre disposera-t-elle ? La question va être d'autant plus sensible que Freddie se lance dans une bien troublante enquête, où se mêlent un meurtre mystérieux, l'implication surprenante des services secrets et des accusations étranges de la part d'une vieille amie. Mais la recherche de la vérité pourrait se révéler dangereuse, pas seulement professionnellement parlant.

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The Hour dispose tout d'abord des atouts de son cadre : c'est une ambiance stylisée et soignée que la série dévoile dans ce pilote qui sait parfaitement mettre en valeur ce doux parfum des 50s'. Au-delà des costumes et de l'atmosphère enfumée, c'est avec beaucoup de maîtrise que sont introduits tous les enjeux de l'époque. La question des médias retient en premier lieu notre attention, à travers les débats sur le traitement de l'actualité à la télévision. Ce média trop calibré et consensuel, qui se complaît dans des comptes-rendus mondains soporifiques, semble avoir plutôt pour fonction de rassurer les téléspectateurs que de réellement chercher à les informer. En arrière-plan, les connivences sociales et les intérêts de classe brident toute indépendance. Peut-on parler de liberté de la presse à la télévision ? Quelles sont ses limites ? La nouvelle émission de la BBC, qui focalise tant d'espoirs pour Freddie, sera-t-elle vraiment un espace où la tonalité plate et sans ambition qui prédomine dans le petit écran pourra être dépassée ? Tout autant qu'une photographie soignée d'époque, The Hour posent des thématiques relatives à la presse et à l'information qui sont intemporelles, et inhérentes à toute démocratie.

Mais la série se démarque de la simple reconstitution historique du monde des médias avec l'introduction d'une seconde ligne directrice, toute aussi intrigante : elle pose en effet les bases d'un thriller conspirationniste. BBC2 semble dernièrement particulièrement apprécier plonger ses téléspectateurs dans une paranoïa ambiante du meilleur effet. Le pilote distille tous les ingrédients classiques du genre, de l'implication des services secrets (MI-6) jusqu'à la présence d'un mystérieux tueur qui élimine "ceux qui savent" - ce qui n'est pas sans rappeler les débuts de The Shadow Line. Dans un contexte de guerre froide où il fait bon citer Ian Fleming, une interrogation aussi provocatrice que troublante va conduire la piste périlleuse sur laquelle Freddie se lance : "You think you live in a democracy ? You think this country stands for freedom of speech ? It does not." Si le pilote en reste au stade de l'exposition, dévoilant peu, il s'assure d'aiguiser la curiosité du téléspectateur, et par conséquent, sa fidélité.

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Au-delà de cocktail diversifié et dense des thématiques effleurées, le pilote de The Hour réussit particulièrement bien l'introduction de ses personnages, ou plus précisément du duo central composé de Freddie et de Bel, auquel vient s'ajouter un extérieur, Hector, dont on ne sait pas encore trop quoi penser derrière son sourire ultra-bright. L'équilibre est instantanément trouvé entre la flamboyance idéaliste et intransigeante de Freddie et le calme plus terre-à-terre de Bel. Les dialogues, aussi rythmés que riches en réparties parfois cinglantes, reflètent parfaitement la dynamique attendue du milieu des médias dans lequel la série nous immerge. Jouant sur les apparences, les personnages flirtent, s'invectivent, se fâchant et se réconciliant presqu'aussi vite. Il y a une vraie dimension humaine dans cette série ; et le pilote, ne faisant que donner les premières indications, donne envie de s'investir et d'en savoir plus sur chacun des protagonistes.

Maniant habilement les contrastes entre l'élite dirigeante, encore régie par ses codes et convenances sociales rigides et fermées, et les soubressauts d'émancipation modernisateurs incarnés de manière si enflammée par Freddie, l'épisode prend aussi le temps de dresser un bref portrait de la société londonienne de la fin des années 50. De plus, à travers Bel, c'est le statut de la femme qui est mis en scène. Si la responsabilité d'être nommée productrice est importante, elle demeure regardée de haut dans ce monde des "dirigeants" à prédominance masculine qu'elle fréquente. Par la richesse de toutes les pistes que The Hour laisse entrevoir du potentiel. Il faudra sans doute à la série gagner en homogénité pour bien maîtriser les tenants et aboutissants, et mêler tous ces ingrédients, du médiatique au conspirationniste. Cependant, les enjeux sont bien là : à la suite de parvenir à les exploiter et à faire qu'ils s'équilibrent et se complètent !

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Prometteuse sur le fond, The Hour est également très solide sur la forme, laquelle constitue toujours un point non négligeable de ces séries "d'époque". La réalisation est travaillée. L'ambiance 50s' est parfaitement portée à l'écran, avec un style soigné. La reconstitution historique en costumes, accompagnée d'une photographie enrichie, s'avère être un vrai plaisir pour les yeux du téléspectateur.

Enfin, The Hour bénéficie d'un excellent casting qui délivre une performance d'ensemble très convaincante. C'est Ben Wishaw (Criminal Justice) qui mène l'ensemble, la flamboyance de son personnage, charismatique et survolté, l'imposant comme la figure centrale de la série. Sa relation pimentée et complice avec Romola Garai (Crimson Petal and The White) ressort très bien à l'écran, l'actrice offrant un pendant plus sobre mais tout aussi déterminé. Pour compléter le trio, Dominic West (The Wire, The Devil's Whore) trouve rapidement ses marques dans un rôle plus mesuré et convenu. A leurs côtés, on retrouve des têtes très familières du petit écran britannique, comme Tim Pigott-Smith, Anna Chancellor, Anton Lesser, Juliet Stevenson, Julian Rhind-Tutt ou encore Oona Chaplin.

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Bilan : Le potentiel de The Hour réside dans sa richesse. Derrière son enjeu médiatique central qui demeure le traitement de l'information à la télévision, le pilote introduit dans le même temps un versant conspirationniste qui ajoute une dimension supplémentaire à la série. Si ces deux facettes d'une même problématique - la liberté de la presse, pilier d'une démocratie ? - devront apprendre à cohabiter de façon plus homogène par la suite, elles savent toutes deux retenir l'attention du téléspectateur. Portée par des personnages forts, bien servie par un casting cinq étoiles, The Hour s'assure donc de notre fidélité au terme de cette première heure. Il reste à la série à s'affiner et à bien prendre la mesure de son concept ambitieux pour confirmer tout ce qu'elle a laissé entrevoir dans ce pilote. A suivre !


NOTE : 8/10


La bande-annonce de la série :


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