Le ciel n’arrête pas de pleurer. Je ne sais pas pourquoi, mais il faut bien l’avouer, il y aurait bien des raisons. Les plans d’austérité draconiens qui se trament dans les luxueux salons des palais européens indiffèrent l’opinion publique complètement endormie, sans aucune réaction. Peut-être que ce mois de juillet, qui en a vu bien d’autres depuis la nuit des temps, perçoit cette indolence aux conséquences dramatiques et s’épanche en avance. Peut-être aussi qu’il pleure les soldats français tombés pour apporter et transmettre au peuple afghan notre sublime modèle de société.
Je me suis lancé il y quelque temps dans cet exercice particulier d’évocation d’un programme, et le statut de l’élu est un peu le sujet des sujets… Les pratiques tordues que le commun des mortels jugeraient pour le moins douteuses, sont de plus en plus fréquentes et leurs auteurs n’encourent plus de sanctions, ni disciplinaires, ni même politiques. Leurs interventions appuyées sur la loyauté, le sens de la chose publique et l’intérêt général, les discours électoraux et les professions de foi enflammées sont vite oubliés dans l’exercice élémentaire du pouvoir ou se mêle puissance, privilège, passe-droit et vanité… Ce comportement n’est pas propre aux hommes politiques, la nature humaine y a une bonne part.
On voit ainsi se développer une caste qui ne finit par ne représenter qu’elle même, avec des besoins spécifiques exorbitants pour le contribuable lambda, puisant à volonté et sans complexe dans le bas de laine puisqu’ils définissent tout seuls les règles, comme augmenter leurs émoluments, exploser le budget de l’Elysée et le salaire du Président quand le pays entier se serre la ceinture. Il est évidemment possible de rentrer dans la danse, mais il vaut mieux avoir les reins solides et disposer de caillasse en conséquence. J’en sais quelque chose pour mon implication bénévole dans la gestion d’associations jusqu’à en avoir été président. J’ai eu du boulot, certes, mais j’y ai laissé des sous et j’ai surtout pris des kilos.
De cette observation du monde politique, j’en tire plusieurs éléments.
Tout d’abord, pour effectuer un mandat, quel qu’il soit, il faut l’effectuer à plein temps, ce qui exclut toute possibilité de cumul avec toute autre mandat électif ou activité professionnelle. Quand on sollicite l’électeur pour une fonction, on s’y consacre à fond, déjà par simple respect de ceux qui ont exprimé leur confiance. On connaît les effets de la dispersion, le trop est l’ennemi du bien.
Ensuite, le mandat sollicité doit être non renouvelable. Cela peut paraître un peu abrupt de prime abord et on m’objectera qu’il n’est pas possible de lancer et suivre les grands projets. En fait, c’est tout le contraire. Le but poursuivi, et non des moindres, est d’éviter la formation de professionnels de la politique, de potentats locaux, propriétaires des lieux et des voix, transmettant leur héritage de génération en génération. Par leur pratique, ces gens se coupent de la vraie vie, en oublie les fondamentaux, mais prennent de décisions lourdes de conséquences qui ne les engagent nullement. Les retraites, la pénibilité, vivre avec un SMIC, ou dans une banlieue glauque, bosser à la chaîne ou se faire jeter par un patron indélicat, ne plus se soigner ou se contenter des pâtes de Lidl dès le 15 du mois, ils ne savent pas ce que c’est. Des actes simples comme garer sa voiture, acheter le pain, faire ses courses et constater la hausse des prix, prendre le métro, leurs sont aussi étrangers qu’un auvergnat à Paris. L’intérêt général devient très vite particulier, le travail – le vrai – se résume en réunions, sauteries et gueuletons continuels, le pouvoir attire l’argent et le décorum qui va avec. Dans ces conditions d’opulence sans limite, on n’a pas trop envie de quitter les appartements dorés de la république.
En limitant l’«exercice du pouvoir» à un seul mandat, on évite de sortir les représentants de la nation du circuit. Ils restent en principe en phase avec le monde dans lequel ils vivent. On limite aussi les conflits d’intérêt et la problématique de la corruption puisque l’élu changera forcément… Mais surtout, on impliquera plus de monde en faisant porter l’intérêt général, le vrai, l’authentique, sur plus d’intervenants. Plus engagés, la participation aux scrutins serait bien meilleure parce que les électeurs se sentiraient mieux compris et vraiment représentés. Cela ne limitera pas les grands projets, ils seront simplement plus rationnels, mieux définis, plus consensuels, et débarrassés du nom que leur vaniteux géniteur ne manque jamais de laisser.
Le corollaire de cette limitation est, non seulement une rémunération qui tienne compte des impératifs du mandat, mettant l’élu dans de bonnes conditions pour remplir sa mission, mais surtout une garantie absolue de retour à l’emploi, ce qui n’est que justice quand on manifeste son goût et sa volonté de servir le pays.
On est loin du mode actuel de représentation qui ne peut perdurer, et on imagine mal nos valeureux députés et sénateurs se tirer un telle balle dans le pied, eux qui viennent de refuser un écrêtement de leurs émoluments du fait de cumuls de mandats. Pour ma part, petit cadre B de la fonction publique, je n’ai absolument aucune possibilité de cumul d’emploi sous peine de révocation pure et simple, alors que mon employeur m’a fait perdre 17% de pouvoir d’achat depuis 2000. Sans vouloir apparaître comme un moralisateur intégriste, il y a grand besoin de revenir à des pratiques un peu plus saines, plus justes, plus respectueuses de l’égalité dont la devise nationale enorgueillit. J’attends avec une certaine impatience que les candidats aux primaires à gauche s’expriment sur ce sujet.
Qu’en pensent les blogueurs exerçant des mandats, comme Romain et Trublyonne ?
J’ai aimé chez les copains :
- La patrie reconnaissante
- La Ve république, un coup d’état monarchiste ?
- Crise de la dette : Budget de la défense, défilé du 14 juillet, le voilà notre plan d’austérité !
- Sauver une nouvelle fois les banques, ça c’est fait !
- Herman Van Rompuy enterre l’Europe et sauve les marchés