Cette bibliothèque, quoique légèrement différente de celle qu'André Gide a laissée pour de nombreuses raisons (prêts pour expositions, à des amis, nombreux déménagements), reflète la personnalité de l'écrivain et son rôle central dans les milieux littéraires de la première moitié du 20e siècle. Y figurent en effet de nombreux livres d'auteurs contemporains, envois autographes et éditions originales, parfois émaillés d'une lettre ou d'une facture, certains livres comportant des notes de lecture. Cette bibliothèque comporte par ailleurs la collection complète de la Nouvelle revue française en partie reliée. Gide possédait aussi la collection publiée aux éditions NRF, sur grand papier et numérotée hors commerce, des partitions pour piano, son instrument favori, et des éditons étrangères (anglaises, allemandes, etc.). La bibliothèque contient environ 5000 volumes et apparaît clairement comme sa bibliothèque d'usage. André Gide avait procède en 1925 a une vente de ses livres les plus précieux et avait justifié son choix dans une préface au catalogue de vente. Il y explique : "le goût de la propriété n'a, chez moi, jamais été bien vif". Il ajoute : "Au surplus, peu soigneux, j'ai sans cesse la crainte que les objets que je détiens ainsi ne s'abiment davantage encore si, partant en voyage, je les abandonne longtemps. Projetant une longue absence, j'ai donc pris le parti de me séparer de livres acquis en un temps où j'étais moins sage, que je ne conservais que par faste ; d'autres enfin qui me sont demeures chers entre tous aussi longtemps qu'ils n'éveillaient en moi que des souvenirs d'amitié. J'y ajoute les exemplaires que je m'étais réservés de mes premiers livres, dont les éditions originales sont devenues rares." Ce sont ces livres que l'on peut parfois retrouver en vente dans les réseaux spécialisés. Contrairement à ce que Gide laisse entendre, il prenait soin de sa collection de livres et entretenait une relation privilégiée avec divers relieurs : Champs, Stroobans, Léon Gruel. La publication du catalogue de la bibliothèque suscitera des études qui permettront d'en apprendre davantage sur l'écrivain.
(Texto, n°7, avril, mai, juin 2011)
Il s'agit de la bibliothèque du Vaneau, arrivée à Cabris chez Catherine Gide au terme d'un déménagement difficile (140 caisses) dans une pièce spécialement construite pour l'héberger, et qu'on peut voir dans le film André Gide. Un petit air de famille de Jean-Pierre Prévost (DVD accompagnant le livre André Gide : un album de famille, chez Gallimard). Catherine Gide en tire quelques ouvrages pour la caméra : le Dictionnaire de l'architecture française de Viollet-le-Duc, un exemplaire dédicacé des Jeunes filles, des Essais de Suarès, ou des Songes et les Sorts.