L’Europe n’a pas de pilote

C’est confirmé, l’Europe n’a pas de pilote. Ce 23ème sommet apporte à la crise de l’euro des réponses de circonstance qui, si elles sont nécessaires, ne résoudront rien sur le long terme. Pourtant c’est toute la construction européenne qui est menacée. Rien de moins. Au-delà de la Grèce, ce sont tous les pays qui sont menacés. Là où on pourrait espérer de l’ambition, on assiste au ballet navrant de dirigeants qui ne cessent d’improviser des solutions à courte vue. Les plans d’austérité injustes se succèdent et rendent impossibles la sortie de crise, parce que faute de croissance et de solidarité, il n’y a plus de ressources. Il faut évidemment que le secteur privé prenne sa part du fardeau de la dette. Mutualiser la dette des États et encadrer les agences de notation est une nécessité. Mais le problème est plus grave. Il n’y a pas d’Europe unie et solidaire face à la toute puissance du marché. Aujourd’hui, c’est la défaite du politique, la défaite des peuples. La crise financière, loin d’aboutir au contrôle de la finance, aura abouti au contrôle des démocraties par la finance. Il faut mettre en face des prêteurs un acteur suffisamment fort pour qu’il n’y ait plus d’intérêt à spéculer. Cela passe par la création d’un véritable budget européen et par une Europe politique démocratique et volontaire. La rigueur pour la rigueur ne sert à rien. Ce n’est pas une solution, c’est l’arme de la finance pour imposer son pouvoir durablement en coupant les moyens d’action du politique. Il faut dès à présent cibler les gaspillages et faire des investissements d’avenir pour créer des emplois, notamment dans les énergies nouvelles.

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