Né en 1922 dans l'une des villes les plus traditonnellement politiquement à gauche d'Italie, à Bologne, Pier était le premier fils d'un lieutenant de l'armée.
Son père fût reconnu pour avoir sauvé la vie de Benito Mussolinni, ce qui ne l'empêcha pas d'être emprisoné pour des problèmes de dettes de jeu non réglées. La mère de Pasolini, qui donne naissance à un autre fils de 4 ans le cadet de Pier, déplace alors les enfants dans la région de Friuli, dans une municipalité de la province de Pordenone au Nord de l'Italie.
C'est de ce décor champêtre que Pasolini écrit ses premiers poèmes. Il découvreles écrits de Rimbaud qui le marqueront à bien des niveaux. Adolescent, il lit beaucoup Dostoievsky, Tolstoi, Shakespeare, Coleridge et Novalis. Il se découvre aussi une passion pour le soccer.
En 1939, il gradue du Collège littéraire de l'Université de Bologne. Il fréquente alors le cinéma club de l'université. Il prend part à des activités sportives et culturelle du gouvernement fasciste. En 1941, il fonde un journal de poésie et tente de le publier mais puisque c'est la guerre et que le papier est une ressource qui manque, le projet échoue. Il réussit toutefois à publier un recueil de poésie à ses frais.
En voyageant en Allemagne, il découvre que la fascisme ne vaut pas le communisme. Il change progressivement d'allégeance.
Il contribue à des journaux et devient aussi photographe. En 1942, il se cache de la guerre en campagne chez sa mère et a les premiers troubles sexuels de sa vie. Il dira qu'il sentait une continuelle perturbation sans images et sans mots qui frappaient sur ses temps et qui lui obstruait les pensées. Cette phrase pourrait très bien décrire certains de ses films.
En 1944, il est capturé et fait prisonnier par les Allemands. Il réussit à se sauver en se déguisant en paysan. Il publie un magazine avec des amis. Son frère sera tué avant la fin de la guerre.
Il publie un autre recueil de poésie, Il Diarii en 1946 puis un controversé plaidoyer en faveur du communisme à la une du magazine Libertad un an plus tard. Il se joint au parti communiste italien.
Il se trouve toute sorte de petits emplois. Il enseigne, il écrit des petits livres, des poésies et les vend dans la rue, il travaille en 1954 aux studios de la Cinettà. Il est pour la première fois publié par un éditeur en 1955 pour des poèmes en dialecte d'Abbruze. Il est aussitôt accusé de corruption des moeurs mais exonéré. L'ombre reste, Pasolini est du bonbon pour les tabloids à partir de maintenant.
En 1956, en compagnie de Sergio Citti, il collabore au scénario de Les Nuits de Cabiria de Federico Fellini, écrivant les dialogues en dialecte romains.
Ceci lui ouvre la porte à sa propre cinématographie. Il tourne Accatonne en 1961 qui est un croisement de deux nouvelles de Pasolini écrites aupravant, Boys of Life et A Violent Life. Le film qui raconte les pimps, les putes et les marginaux de Rome fait scandale. Il revisite les putes avec Anna Magani un an plus tard. Ouvertement gai depuis ses tout débuts, le scandale lui colle à la peau.
Le segment de Pasolini, La Ricotta, (avec rien de moins que Orson Welles!) du film à sketch RoGoPag sera censuré par le gouvernement italien pour outrage au gouvernement.
Il ose s'attaquer à la bible en tournant The Gospel According to Saint-Matthew en 1964. L'oeuvre poétique est encore égratignée alors que l'on juge le personnage de Jean trop mystique, le personnage de Marc trop vulgaire et celui de Luc trop sentimental.
Il tourne The Hawk & the Sparrow avec le célèbre clown Toto et son fils Niretto en 1966. La même année, il était membre du jury du 16ème festival du film de Berlin. il interview Ezra Pound l'année suivante.
Pasolini voyage beaucoup avec ses amis les écrivains Elsa Morante et Alberto Moravia. Il visite l'Inde, le Soudan, le Kenya, Ghana, le Nigeria, la Nouvelle-Guinée, la Jordanie, Israël.
Lors des révolutions étudiantes de 1968 à travers le monde, il prend le côté des policiers, pour la plupart issus selon lui de milieux prolétaires, tandis que les étudiants seraient selon lui issus de milieux bourgeois.
Travaillant continuellement avec des acteurs non professionnels afin de rajouter une couche de réalisme à ses fresques picaresque néoréalistes, il ne fuit jamais la controverse mais plutôt y plonge. Il tourne Le Complexe d'Oedipe, Teorema et Porcile des films très sexuels et/ou cannibales. Il tourne aussi le seul film non musical mettant en vedette Maria Callas dans le rôle de Médée en 1969.
Il tourne aussi du documentaire depuis 1964 et publie toujours des nouvelles, des poésies, des articles en parrallèle de sa carrière de cinéaste.
Il tournera des grands classiques littéraires (Boccaccio, The Canterbury Tales, Les Contes des Milles et une Nuits) avant de larguer sa bombe: Salo, les 120 jours de Sodome tiré des écrits du Marquis de Sade en 1975.
Le film d'une violence graphique, d'un sadisme et d'un dépravation sexuelle extrème pour l'époque fait tant scandale qu'on vole des bobines originales de son film.
En voulant les récupérer de maître chanteurs sur une plage, Pasolini est assassiné alors qu'on lui roule sur le corps à plusieurs reprises avec sa propre voiture.
L'auteur aura promu au travers de son oeuvre un côté sacré tout à fait personnel. Athéiste et gai dans l'Italie hyper catholique, Pasolini ne pouvait vivre tellement vieux. Il aura toujours eu pour cible une certaine idée de la bourgeoisie.
À 53 ans, il est mort laissant derrière lui une oeuvre dérangeante, où la morale était toujours juxtaposée à une certaine poésie. Poésie plus importante dans ses écrits que dans ses films d'ailleurs.
Une oeuvre où le sexe y était incontournable et où les analyses des affaires publiques y étaient toujours matière à controverse.
Une oeuvre dont les sujets sont encore très pertinents dans l'Italie d'aujourd'hui.