Il y a quelques jours, je publiais un communiqué de Démocratie et socialisme, un courant du PS animé par l'inspecteur du travail bien connu, Gérard Filoche. Il y décrivait admirablement ce qui est en train de se passer en Europe et dans la zone euro : plus que les banques (notamment françaises) très exposées en Grèce, ce sont les contribuables européens qui vont payer les pots cassés par la spéculation, les hedge funds et les créances par défaut. Le système financier est constitué de telle sorte que ce sont les marchés et non les Etats qui fixent les conditions de la restructuration de la dette grecque autrement dit, dans un système libéral exacerbé, les spéculateurs s'enrichissent et les salariés-contribuables trinquent. Les banques privées, dont on nous raconte qu'elles vont aider la Grèce, sont en fait très peu sollicitées et si elles contribuent aux prêts nécessaires, ce sera avec des sommes ridicules.
Et pourtant. Il fallait voir la mine satisfaite de Sarkozy, en direct sur les chaînes d'information, nous bourrer le mou avec ses grandes discours et ses belles formules destinées à nous enfumer. Le résultat des cogitations européennes sont conformes à l'esprit du traité de Lisbonne et font sauter tous les verrous de sécurité que préconisaient le fameux pacte de stabilité destiné à rassurer la partie allemande. Car, soyons en sûrs, les Allemands ne voudront pas payer pour les Grecs et enverront les autres demandeurs à se faire empapaouter chez qui ils veulent. Sarkozy a été clair mais impuissant : ce que nous faisons pour les Grecs, nous ne le ferons pour personne d'autre. Les Portugais, les Espagnols et les Italiens sont prévenus mais comme on connaît la valeur de la parole sarkozyenne, je leur suggère de ne pas trop s'en faire : tous les contribuables de la zone euro mettront la main à la poche sans qu'on leur demande leur avis mais sans doute après 2012 et l'élection présidentielle française.
Sarkozy veut gagner du temps. Il veut à tout prix éviter l'éclatement de la zone euro avant avril 2012 lorsque la France sera en plein campagne présidentielle. Mais on sent bien que l'eau monte et que l'inondation est proche. L'Europe libérale soutient la Grèce et Sarkozy comme la corde soutient le pendu.