« Aussi difficile que cela puisse paraître à présent, songea Rose, je me soumettais à la pression des convenances et de la famille, à ce qu'il fallait faire, à ce qu'on attendait de moi depuis l'heure de ma conception : à peu près comme un animal, comme un cochon, comme un cheval de course, comme un chien de race primé à l'exposition canine de Crufts. »
Plonger dans un roman de Mary Wesley, c'est comme si l'on retrouvait une amie chère autour d'un thé. C'est délicieux, reposant, savoureux. C'est une tradition qui comporte ses coutumes. Le lait ou le citron en premier, le thé ensuite.
Les femmes de Mary Wesley sont souvent complexes et l'héroïne de ce roman ne fait pas exception. Rose a épousé l'homme qui lui était destiné alors qu'elle en a aimé un autre toute sa vie. Les pages démontrent que l'on ne sait jamais rien de l'intimité d'un couple. Entre ce que celui-ci dégage, les représentations des autres et la réalité vécue par les deux intéressés, tout un univers !
A cette Rose qui m'a parfois agacée d'avoir préféré la sécurité à l'amour, j'ai davantage apprécié ses consœurs de La pelouse de camomille et Les raisons du coeur. Peut-être est-ce l'impossibilité d'appliquer un minimum de bovarysme qui m'a manqué. Comment Rose peut-elle rejeter ce Mylo extraordinaire pour une vie en charentaises ? Et pourtant, quelle modernité dans l'évolution des personnages !
De l'auteure, je veux tout lire et ce n'est pas Rose qui m'arrêtera bien au contraire. Même quand la lecture est un peu en-dessous de mes attentes, un Mary Wesley, c'est toujours un moment privilégié. Une bulle d'air.
J'ai lu, 413 pages, 2010
Extrait mythique !
« - Trouve-toi une jeune fille. Inutile qu'elle soit particulièrement jolie – c'est parfois source de problèmes – d'une bonne famille, bien sûr, il n'est pas nécessaire qu'elle ait de la fortune, tu en as largement, cela élargit ton champs de recherche. En bonne santé, bien entendu, pas de secret honteux côté hérédité, et la plus jeune possible.
- Pourquoi ?
- C'est comme lorsque tu achètes un chiot ou un cheval, déclara Archibald Loftus avec impatience, tu les habitues à ta façon de vivre. Si tu prends une fille qui eu le temps de connaître d'autres histoires amoureuses, elle fera des comparaisons humiliantes, et peu flatteuses. Non, non, plus elle est jeune, mieux c'est. Quand tu choisis un poisson, tu regardes l'œil, s'il brille, tu le prends. C'est pareil. Demande à ta tante Flora. »
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