A travers une caricature (plaisante) d’une famille japonaise moyenne, Sogo Ishii signe avec The Crazy Family / Gyakufunsha kazoku (1984) une satire sociale jouissive.
La famille Kobayashi emménage dans une nouvelle maison. Le père est un salarié modèle, la mère est une femme au foyer au petit soin, le fils étudie assidûment pour entrer à l’université et la petite dernière rêve de devenir une « idole ». Bientôt, le grand-père emménage chez eux…
Comédie drôle et emprunte d’une noirceur corrosive, The Crazy Family s’amuse à nous dépeindre le portrait d’une famille modèle qui semble bien sous tout rapport, en surface seulement. Dans une économie prospère, celle du Japon des années 1980, Sogo Ishii nous montre cette famille qui acquiert une maison, symbole de réussite sociale. Une réussite qui aura un effet pervers pour ses membres puisqu’ils s’enferment dès lors petit à petit dans une bulle qui les sépare les uns et des autres. On sent l’éclatement de la cellule familiale poindre, un état de fait qui se produira avec l’arrivée du grand-père qui prend ses aises dans cette nouvelle demeure. Ce personnage du grand-père amorce l’auto-destruction des membres d’une famille qui entre en conflit. Un conflit violent et chaotique qui, dans une joyeuse hystérie collective, nous montre combien le cinéaste japonais aime tourner les situations en ridicule. Un cynisme qui l’habite jusque dans les clins d’oeils parodiques de films d’horreur ou de guerre, à travers lesquelles l’auteur nous offre une œuvre totalement décalée, nous plongeant avec plaisir dans la psychose de ses personnages.
The Crazy Family est une comédie déjantée qui sait être inventive et qui est savamment mise en scène par Sogo Ishii. Une réflexion sur le véritable idéal familial où la propriété n’est pas une fin en soit ou comment détruire un simulacre de « belle vie » pour reconstruire un idéal « sain ».
I.D.