21 juillet 2011
Au moment où l´Afrique australe se voit de nouveau plongée dans une douloureuse détresse due à une sécheresse sans précédent, le livre de l´économiste William Easterly : Le fardeau de l´homme blanc. ISBN 978-2-940427-02-4, dit ceci en substance : "Dans le dernier demi-siècle, les pays riches ont versé 2300 milliards $ d´aide au développement sans réussir á éradiquer la pauvreté. Que s´est-il donc passé ? L´auteur arrive à la conclusion que les mythes de l´aide au développement, et leurs échecs sont dus notamment à l´illusion de l´homme blanc de pouvoir planifier le progrès dans les pays pauvres."
L´aide au développement, la grande bouffe ou les conséquences d´une mauvaise approche des choses...de part et d´autre ?
Comment en serait-il autrement si ces aides viennent de l´extérieur et servent à écouler les services et les biens de production et de consommation étrangers sur le territoire sans rentabilité du recevant de l´aide ? C´est la même erreur que fit la Grèce hier et hélas que l´Union Européenne fait aujourd´hui envers les pays faillis du Portugal, de l´Irlande et de la Grèce si ces pays ne retrouvent pas rapidement leur rentabilité. Tant qu´un pays n´est pas rentable et consomme plus qu´il ne produit, lui prêter de l´argent ne change rien du tout à sa condition; pire: on ne fait qu´aggraver le mal notamment en mettant à mal le portefeuille, les pensions et les avenirs de la jeunesse des pays prêteurs.
Vers les années ´70 les congolais-zairois furent faussement éblouis par les effets des frais endettements faits par Mobutu; ce dernier apparut comme un magicien, un véritable sorcier africain de l´économie, or, plus tard lorsque ces dettes vinrent dans la fin des années 80-90 à terme, le paiement du principal creusa des trous énormes dans l´économie du pays et l´effondra pratiquement. Envolées furent les illusions de réussite sans produire ou la réputation de magicien économique. Certains idiots et irréductibles du bon sens économique continuaient encore à rêver aujourd´hui du grand léopard charlatan par nostalgie et par simple ignorance des dessous des cartes économiques. Si Mobutu n´avait pas succombé à la tentation d´escroc de la zaïrianisation qui vira à une véritable catastrophe, et s´il avait rentabilisé l´économie de son pays en créant l´emploi, modernisé l´agriculture et l´élevage, encouragé les petites et moyennes entreprises à mieux produire et s´il avait pressé la construction des chemins de fer et les infrastructures ferroviaire...nul doute qu´il aurait réussi à se faire admirer de tous parce que l´économie aurait enfin pris pied dans son pays.
Construire des routes quand on ne produit pas de voitures ou acheter des usines de prestige clés sur porte sans en produire ni les pièces de rechange, ni les encadrer en amont et en aval avec d´autres industries pour les consolider et assurer leur intégration dans un plus large impact économique...on ne faisait rien d´autre que du dilettantisme économique et la prétention d´aider n´était rien d´autre qu´une autre manière d´inféoder les gens mieux qu´hier en leur donnant des goûts nouveaux dévoyant ou en corrompant leurs opinions pour établir ou imposer des dictateurs incapables et roturiers. Planifier l´économie est une forme d´arrogance qui ne s´explique ni avant l´écroulement du communisme, ni après; on se demande alors pourquoi les occidentaux se crurent-ils capables de soutenir le contraire ? N´est-ce pas une forme de mépris que d´ignorer l´évidence, la complexité culturelle d´un pays, les désirs et les besoins de ces gens, pour leur imposer, de l´étranger, comment ils vont vivre, penser, aimer, produire demain ? Je le pense bien. Il serait plus sage d´améliorer et soutenir tous les efforts et formes de productions existantes, demander aux meilleurs fils formés d´un pays de les moderniser selon leur manière de voir les choses, pas comme on voudrait qu´ils soient de l´extérieur. Alors et alors seulement, si le peuple et la dynamique culturelle sociale s´épanouit et se développe autant dans sa créativité que dans ses articulations complexes matérielles et immatérielles, le succès peut-il avoir lieu car le développement est une forme d´affirmation de mûrissement d´une quête résolue à l´excellence de celui qui y aspire; ce n´est ni un dictat, ni un champ d´essayisme de théories sociales et politiques plus arrogantes que sérieuses.
Tout ceci n´a pas seulement été visible au Congo ou en Afrique noire en général; ceci est aussi d´actualité aujourd´hui en Ethiopie, Somalie et Ouganda d´une Afrique australe de nouveau visitée par une sécheresse qu´on aurait pu hier, d´un côté comme de l´autre entre aideurs et recevant de l´aide, contrôler les effets aujourd´hui si au lieu de s´acheter des armes et construire des projets plus prestigieux que nécessaires, on avait construit des canalisation, des pipe line pour l´eau et si on avait monté des usines de désalaison, et bien sûr reboisé la région. En Afrique australe on a une curiosité: on est entouré d´eau de l´océan indien...mais pas une goutte d´eau douce pour l´agriculture et à boire ou utiliser dans l´industrie.L´ échec des aides au développement, il faut aussi l´avouer, est aussi un échec des élites du pouvoir africaines parce que personne ne peut développer celui qui s´y refuse; en d´autres termes ces élites auraient dû être plus regardante et diligente face aux aides qu´on leur accordait...si bien sûr on leur en laissait la direction des priorités ou si l´aide corresponsait à un projet initié et conduit par eux.
Musengeshi Katata
„Muntu wa Bantu, Bantu wa Muntu“
Forum Réalisance
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