Tourne, tourne la roue de la vie, tourne lentement et sans secousses, puis emballe-toi et éjecte certains passagers, puis arrête-toi un peu, que l’on reprenne notre souffle. Tourne toujours, toujours dans le même sens immuable et salvateur qui force le regard vers devant, vers plus loin.
Ne pas regarder derrière pendant que ca tourne, surtout pas, parce que les larmes étouffent les yeux et noient la gorgent, parce que le ventre fait mal et qu’il monte au bord des lèvres salées.
Combien de vies dans une vie, combien de départs et d’arrivées, combien de chagrin, combien de douleur…et pourquoi ?
Les lumières de la ville vont remplacer le clair de lune sur les sapins. Le bruit des voitures celui des cloches des vaches. Les passants sans visages croiseront mon chemin quand ceux que je voyais chaque jour étaient tous mes amis. Je vais embrasser mes chiennes, fermer la porte et ravaler mes larmes. Demain.
Cinq ans d’une très belle vie. La roue tourne, elle m’embarque. Mon corps se défend mais déjà il ne peut plus lutter.
Trop tard.