Rencontre avec un livre qui m'a prise aux trippes...
L’histoire :
Lorsque le petit Rowan atteint ses deux ans, le diagnostic médical tombe : il est affecté par une forme violente d’autisme.
Pour ses parents, Rupert et Kristin, c’est la douche froide, la construction d’une famille heureuse s’effondre. Le mal éloigne terriblement leur fils de tout contact normal humain, de la vie, il éloigne la famille toute entière des autres, des « normaux ».
Les thérapies classiques ne s’avèrent pas convenir au petit garçon et sont un échec, Rowan s’enlise de plus en plus dans son autisme. A 5 ans, il est incontinent, isolé psychiquement, en proie à de terribles tempêtes neurologiques qui le plonge dans des états de colères incontrôlables.
De part ses activités personnelles, Rupert Issacson se trouve en relation avec des bushmen et il constate curieusement que Rowan se calme momentanément en leur présence lors des cérémonies traditionnelles célébrés par les sorciers.
De plus, le petit garçon possède un véritable don avec les chevaux. Ceux-ci l’acceptent d’emblée et il prend un réel plaisir à chevaucher en compagnie de son père.
Rupert Isaacson est alors saisi par une idée fixe : emmener son fils dans un long périple à la rencontre des derniers peuples équestres, des peuples qui croient encore au chamanisme.
Direction : la Mongolie !
Même si le père sait que Rowan ne sera pas guérit de son autisme (la maladie est incurable) et que toute amélioration est fragile et peut précéder une régression, il espère qu’il bénéficiera du rapport particulier entre le corps et l’esprit qui a cours dans les civilisations traditionnelles et qui est très différent de la perception occidentale.
Et si cette différence suffisait à aider Rowan à prendre contact avec le monde « normal » et à acquérir un comportement plus propice à l’acceptation de sa particularité ?
Et si l’idée de Rupert Isaacson n’était pas si démente que cela et qu’elle était une des clés pour établir le contact avec son fils ?
Impression de lecture :
Voilà un livre qu’il est difficile de lâcher avant la dernière page.
Le lecteur se retrouve plongé au cœur d’un couple qui se résout à faire le deuil d’une vie normale mais qui refuse d’admettre que l’existence de leur fils ne doit se résoudre qu’à l’autisme et à ses terribles troubles envahissants.
Rupert Isaacson se veut franc dans son récit, il exprime la difficulté de vivre avec la maladie, sous le poids du regard que portent les « autres » sur un enfant insupportable malgré lui, mais aussi les efforts d’un couple qui s’épuise et qui, avant de sombrer, tente le tout pour le tout et va chercher à des milliers de kilomètres une planche de salut.
Et finalement, le lecteur se prend à rejoindre l’idée folle de Rupert Isaacson : chercher une solution dans les chemins de traverses là où la science occidentale n’est pas adaptée.
Une idée pas si folle d’ailleurs : les rituels des médecins traditionnels, des sorciers ou des chamans font appel à des gestuels et à des rythmes syncopés et répétitifs qui font échos avec les démonstrations les plus flagrantes de l’autisme. Tout comme les allures du cheval présentent un rythme immuables et donc apaisants dans bon nombre de troubles psychiques.
Mais au-delà de la maladie autistique et de son vécu, « L’enfant cheval » est le récit d’une odyssée dans des paysages somptueux, des forêts aux plaines désertiques en passant par les montagnes de Mongolie, une rencontre avec des peuples encore nomades dont la culture et le mode de vie sont menacés.
C’est aussi une ode au cheval, de Betsy - la jument que Rowan approche en premier lieu dans une ferme texane, celle qui jettera le lien initial entre les mondes - jusqu’aux chevaux au fondement de toutes les races connus dont des troupeaux sauvages arpentent encore des espaces protégés de l’Asie en passant par Blue et les autres chevaux mongols qui accompagnent Rowan et sa famille tout au long de leur périple.
Jamais larmoyant, bien écrit en entrainant, ce récit est celui d’une aventure humaine dans tous les sens du terme et il ne s’effacera pas facilement de votre mémoire.
L’auteur :
Rupert Issacson, né en 1967, a passé son enfance en Angleterre avant de s’installer plusieurs années en Afrique. Il vit aujourd’hui aux Etats-Unis avec sa femme Kristin et son fils Rowan. Passionné d’équitation (il monte et a un passé de dresseur de chevaux), il est journaliste et écrit également des guides à destination des voyageurs. Il fait partie des ardents défenseurs de la cause des bushmen spoliés de leur terre ancestrale africaine.
Suite à son expérience relatée dans « L’enfant-cheval », il a ouvert un centre d’équithérapie pour les enfants présentant des troubles neurologiques/psychiques.
« L’enfant cheval, la quête d’un père aux confins du monde pour guérir son fils autiste » de Rupert Isaacson. Albin Michel, 2009.
« The Horse Boy » est aussi un documentaire qui retrace l’épopée des Isaacson en Mongolie.