Le nouveau président péruvien prendra officiellement ses fonctions la semaine prochaine à Lima et ne semble plus enclin à révolutionner le système économique du pays.
L'ancien officier de l'armée putschiste, connu pour son nationalisme et son amitié pour Hugo Chavez lors des élections de 2006, est devenu un homme pragmatique. La semaine dernière, en visite à Washington afin de brièvement rencontrer Barack Obama, il a déclaré que "les Etats-Unis étaient un allié d'importance pour le Pérou." Il tient aussi à améliorer les relations historiquement tumultueuses avec le voisin chilien et il a accepté d'être cornaqué par des proches de l'ancien président brésilien Lula afin de remporter les dernières élections présidentielles.
En résumé, Humala est un homme changé, à tel point que sa vision de l'économie n'est plus aussi drastique. Avec le boom de l'économie péruvienne qui exporte de plus en plus de matières premières, il tient maintenant à rassurer les investisseurs étrangers, affirmant "qu'il n'y aura pas de changement législatif" tout en confirmant dans ses fonctions le président de la banque centrale actuelle. Les derniers chiffres divulgués sur l'économie péruvienne montre pour 2010 un taux de croissance annuel supérieur à 7%, faisant du Pérou le deuxième taux de croissance le plus élevé d'amérique latine derrière l'Argentine.
L'activité commerciale est excellente sur ces 3 derniers mois au Pérou, avec une croissance de 9% tandis que le secteur de la construction et de l'industrie ralentit un peu. Ce ralentissement est dû, selon Julio Velarde, patron de la banque centrale, au fait que plusieurs sociétés ont attendu le résultat des élections présidentielles avant de reprendre leurs investissements. Il faut dire qu'Humala avait tendance à faire peur avant la prise de ses fonctions, notamment du côté des investisseurs, provoquant une chute de la bourse de Lima de 20% depuis le début de l'année.
En reconduisant Velarde dans ses fonctions, Humala a redonné espoir aux entreprises étrangères de continuer à investir au Pérou. Le pays andin devrait finir l'année 2011 avec une croissance de 7% tandis que les prévisions pour 2012 sont un peu plus pessimistes avec 5% de croissance. Certes, Humala compte toujours renforcer l'intervention de l'état auprès des banque mais il n'a aucunement l'intention de révolutionner le système bancaire. Sa politique devrait finalement être assez similaire à ce qu'a fait Lula au Brésil en 2002, avec un effort important pour réduire l'écart entre les riches et les pauvres et faire émerger une véritable classe moyenne au Pérou.
10 ans après, le Brésil est aujourd'hui un géant en puissance, jalousé par de nombreux pays occidentaux et qui tire vers le haut les autres nations du continent.