Ancien soldat des forces spéciales qui a fui son passé en s’exilant dans le Pacifique Sud, Jack accepte l’offre d’une journaliste, Valérie, de lui tenir lieu de garde du corps pour une enquête sur une île peu connue de Micronésie. Mais à peine sur place, alors que Val vient de quitter le bateau pour mener son investigation, le navire de Jack est coulé au lance-roquette. Seul et à des centaines de kilomètres de la civilisation, avec aux trousses des mercenaires qui ne rigolent pas du tout, Jack devra reprendre les armes pour s’en sortir…
Far Cry ou le jeu lourdingue par excellence. Nul besoin de s’enliser dans la litote : en dépit de toutes ses immenses qualités, ce titre présente comme principal – et peut-être même unique – défaut de ne pas permettre au joueur de sauvegarder sa partie quand il le souhaite ; car cet apanage des jeux console augmente considérablement la difficulté d’une partie pourtant déjà peu encline, ici, à accueillir les joueurs débutants dans le genre de ces FPS dits réalistes, ceux-là même qui ne se caractérisent pas par leur facilité pour commencer : sous bien des aspects, d’ailleurs, ce titre appartient presque à la sous-branche tactique du genre – ce qui ne se veut en aucun cas un jugement de valeur…
C’est à cause de cette fonction, encore qu’il est plus juste de parler d’absence de fonction, celle de la sauvegarde à volonté, que Far Cry devient indigeste. Une fois cet aspect couplé à des passages d’une difficulté souvent inouïe, qui non seulement s’avèrent nombreux tout au long de la partie mais aussi se suivent parfois par deux ou par trois, le jeu devient ici un véritable cauchemar. À un point tel que le titre évoque au final moins un challenge quelconque que du masochisme pur et simple. Bien sûr, rien n’empêche de reprendre la partie à un niveau de difficulté plus bas, mais comme on ne se rend compte de son erreur qu’une fois parvenu au premier quart du scénario, sans compter qu’on ignore en être à ce stade puisqu’il faut avoir fini le jeu pour connaître sa longueur, on préfère continuer que recommencer.Au moins, Far Cry présente comme avantage qu’on peut varier les plaisirs compte tenu de la vastitude des terrains et de la diversité de chemins qu’ils proposent, sans compter les différents types de véhicules à disposition, mais ça n’en reste pas moins frustrant d’échouer toujours au même point – surtout quand on a opté pour un chemin particulièrement détourné et long pour éviter un autre écueil sur lequel on s’est déjà cassé les dents dix fois. Sans compter qu’une bonne partie du jeu se situe tout de même dans des environnements artificiels où l’ensemble des chemins qu’on peut suivre se réduit à un seul : en d’autres termes, on n’a pas d’autres choix que d’aller au casse-pipe en espérant que les dieux du hasard et des algorithmes seront avec nous.
Mais à cette souplesse dans le choix d’options qui s’offrent au joueur s’ajoute un aspect rappelant le grand spectacle des films d’action hollywoodien. Bidons d’essence et réservoirs de carburant explosent avec quelques balles à peine dans un feu d’artifice que la technologie du CryEngine restitue avec brio. Sans oublier les possibilités de cascades que permettent les différents types de véhicules dont vous pourrez par ailleurs toujours utiliser les armes en conduisant, ce qui procure un certain plaisir – à défaut d’un plaisir certain… Quant au réalisme, et pour peu que ce terme convienne bien à un jeu vidéo, il s’avère très convaincant en dépit de l’orientation blockbuster du titre : bien qu’on ne puisse transporter que quatre armes, elles entrent toutes dans le registre du réel et procurent des sensations du même crû.Si Far Cry fourmille de bonnes idées de mécaniques de jeu, en plus de proposer un environnement tout aussi rarement vu que très bien restitué, tant sur le plan technique que sur le plan artistique, sans compter qu’il s’agit d’une parfaite transposition du genre des films d’action dans le domaine du jeu vidéo, bref s’il s’agit d’un titre au potentiel certain, une erreur de design particulièrement malheureuse le rend hélas invivable. Il reste néanmoins une expérience de jeu assez unique en son genre, qui mérite le détour pour s’en faire sa propre idée et qui malgré tout donne presque envie de se pencher sur le second volet de la série pour voir si les développeurs de celui-ci ont oui ou non appris des erreurs de Crytek.
Adaptation :
Au cinéma, sous le même titre, par le tristement célèbre Uwe Boll, et sortie en 2008 : comme la plupart des autres réalisations du personnage, elle se fit huer par la critique.
Séquelles :
Comme évoqué plus haut, Far Cry a engendré une franchise à succès : outre un portage sur Xbox en 2005, sous le titre de Far Cry Instincts, qui connut lui aussi un portage sous Xbox 360 appelé Far Cry Instincts: Predators, sa suite Far Cry 2 fut toute entière développée par Ubisoft Montréal et sortit en 2008 ; l’action se déroule cette fois en Afrique. Un troisième opus, intitulé Far Cry 3 a été annoncé lors de l’E3 2011.
Notes :
Si cette chronique ne vous a pas trop dégouté de tenter le coup, je ne peux que vous conseiller d’installer le patch officiel qui mettra à jour votre installation de Far Cry en version 1.2 : celle-ci, dit-on, permet les sauvegardes rapides à volonté – j’apprends son existence au moment où j’écris ces lignes, en me demandant un peu où on va s’il faut se taper des heures de recherche avant de pouvoir jouer normalement…
Far Cry
Crytek, 2004
Windows, env. 6 €