Au premier plan, le professeur Thierry Robin neutralisé par Isabelle Mastromonaco (43 ans) qui « se défoule deux fois par semaine et évacue le stress ». Au second plan, démonstration de Michèle Dimier et Audrey Lacalm (24 ans), urgentiste au centre Léon-Bérard, « qui apprend à garder son calme face aux agressions verbales » / Photo Joël Philippon
Les femmes soignent leur condition physique au sein d’une discipline qui leur procure confiance en soi et assurance
Une femme peut-elle réellement rivaliser avec un homme en cas d’agression ?
Les professeurs d’autodéfense jouent la prudence. Tout va dépendre de la personne, son âge, son tempérament, son expérience, sa psychologie et, bien sûr, de son assiduité à l’entraînement. Sachant que l’acquisition d’un minimum de maîtrise technique, nécessite au moins quatre ans de pratique.
Toutefois, les intéressées qui se bousculent pour pratiquer l’autodéfense en France, sous forme de ju-jitsu (synthèse de judo, karaté, aïkido) au sein de la FFJ, de karaté défense ou de krav-maga (méthode d’autodéfense israélienne) au sein de la FFKAMA, nourrissent d’autres ambitions.
« Les femmes qui viennent assister à nos cours ont en moyenne 35-40 ans. Leur principale motivation consiste à parfaire leur condition physique », explique Thierry Robin (42 ans), 6 e dan, professeur de judo/ju-jitsu depuis 18 ans à Lyon (Undôkai) : « Le ju-jitsu se pratique en mode plus doux que le judo tout en mettant du dynamisme. On amène doucement à la projection. On utilise la force de l’autre. Le ju-jitsu apporte aussi une forme de convivialité et d’esprit de famille apprécié de notre clientèle féminine. »
Bien qu’elles soient à la recherche d’une bonne technique, pour Eugène Domagata, responsable fédéral du ju-jitsu, les femmes cherchent avant tout à gérer leur stress et à gagner en assurance : « On aborde la psychologie dans nos cours, pour les faire gagner en confiance et en maturité. Lorsque l’on est à l’aise, on ne marche pas comme quelqu’un qui a peur. On peut annuler une agression grâce à son attitude. On s’adresse surtout à des femmes qui sont exposées professionnellement et sortent tard, la plupart tiennent des commerces. Mais leur motivation principale, reste la remise en forme. »
Pour ce qui est du karaté-défense, le Lyonnais a lancé en 2009 en avant-première un stage découverte gratuit et ouvert à toutes les femmes : « Nous avons touché une centaine de personnes issues d’un milieu à risques : hôpitaux, transports en commun, horaires tardifs, etc. », mentionne François Walter, directeur technique de la ligue du Lyonnais et coordinateur technique du comité Rhône-Alpes de Karaté. « Notre objectif étant de faire en sorte qu’elles soient plus sûres d’elles, et à même de gérer des situations stressantes ou des situations de conflit. On les aide à se sécuriser, apprendre les bons réflexes, être capable de calmer l’autre. Je compare l’autodéfense au brevet de secourisme : ça ne sert pas obligatoirement à sauver quelqu’un mais on peut éviter que la situation s’aggrave. »
Ne pas avoir peur, ne pas s’affoler en cas d’agression, c’est dans cet état d’esprit que Bernard BILICKI, expert fédéral 8e dan, responsable en France du karaté défense depuis 2006 a mis en place une méthode inspirée des katas (enchaînement de techniques simulant un combat réel, ndlr) et a formé une trentaine de professeurs dans le Lyonnais et le Dauphiné. « L’idée est de donner une réponse la plus rapide et la plus pragmatique possible en améliorant les réflexes naturels. On s’adresse à des femmes de toutes les catégories sociales qui souvent, ont des professions à risque. On leur apprend à gérer le côté émotionnel et à avoir confiance en elles en améliorant leurs réflexes naturels », ajoute M. Bilicki, qui dirige 25 stages, chaque saison, dans la région Rhône-Alpes.
Nadine MicholinSource : www.leprogres.fr