Le problème des déchets nucléaires est de taille. D'après le Forum Atomique Européen, Foratom, les 143 centrales nucléaires de l'Union Européenne produisent environ 50 000 mètres cubes de déchets radioactifs chaque année et environ 15% de ces déchets sont des déchets dits de haut niveau. Pour l'instant, les Etats membres de l'Union Européenne stockent leurs déchets radioactifs dans des bunkers ou des entrepôts à la surface pendant plusieurs décennies.
Mais le problème de la durée de vie de ces déchets et des infrastructures qui les stockent est loin d'être résolu. Preuve en est la récente directive votée par le Conseil qui vise principalement au renforcement des normes de gestion et de stockage des déchets radioactifs. Celle-ci "crée un cadre européen solide qui impose à ces derniers d'importantes obligations", précise ainsi le communiqué de presse de la Commission européenne.
Les futurs centres de stockage devront être "des entrepôts situés à une grande profondeur, entre 100 et 700 m sous terre, dans des bunkers construits dans des blocs d'argile ou de granite". Mais "pour l'instant, ce type de centres n'existe pas. Cela prendra au moins 40 ans pour en développer et en construire un", a ainsi déclaré l'équipe du commissaire européen.
La nouvelle directive impose aux États membres de présenter d'ici 2015 à la Commission européenne un programme détaillé fixant le calendrier et les modalités de construction de ces centres de stockage ainsi qu'une évaluation des coûts et un descriptif des mécanismes de financement. Les normes de sûreté établies par l'Agence internationale de l'énergie atomique (AIEA) deviendront juridiquement contraignantes puisque les Etats membres seront soumis à un examen international au moins une fois tous les dix ans.
Dans sa proposition de directive initiale, la Commission préconisait une interdiction totale des exportations des déchets radioactifs. En juin le Parlement européen avait voté en faveur de cette proposition. Mais la décision finale revenant aux ministres du Conseil, la proposition a finalement été abandonnée... L'exportation a été autorisée dans des conditions dites "strictes et contraignantes". En clair, le pays importateur doit disposer d'un centre de stockage définitif en service avant que ne soient expédiés les déchets.
" Il s'agit d'une avancée majeure pour la sûreté nucléaire dans l'Union européenne " a jugé Günther Oettinger, commissaire européen à l'énergie. Un point de vue largement contesté par les eurodéputés Verts : "le choix de l'exportation constitue non pas la solution la plus sûre mais la moins chère pour le problème des déchets nucléaires."
Mark Breddy de Greenpeace est lui aussi inquiet : "Le vrai souci, c'est que les pays qui produisent les déchets ne vont pas les gérer. Ils tentent d'en faire le problème d'autres pays, en les exportant par exemple vers la Russie".
Les nouvelles règles européennes ouvrent donc la voie au déversement des déchets nucléaires en Russie, comme le font déjà la Bulgarie et la Hongrie, ou vers d'autres pays. Ce qui est considéré comme une " avancée " par l'Union Européenne laisse donc pour le moins sceptique...
Laetitia Marcilhacy