J’avoue, j’aime les Strokes. A quinze ans, j’étais fan. A vingt et un, on pourrait penser qu’avec la maturité et l’envie de suivre la mouvance « moi j’écoute UNIQUEMENT de la minimale berlinoise, de l’électro chaloupée et de la trance tropicale », ca me serait passé mais toujours pas.
Les Strokes, c’est une formation classique : deux guitares, une basse, une batterie. La sainte trinité du rock’n’roll qu’ils avaient remis au goût du jour en 2001 avec Is This It – album dont les louanges ne sont plus à faire – puis avec deux autres opus incendiaires : « Room on Fire » et « First Impressions of Earth »
Ils sont passés à côté de quelque chose, ceux qui se sont arrêtés au constat de base : « les Strokes, c’est un groupe de fils à papa qui se sont rencontrés dans un pensionnat en Suisse, et qui ressemblent plus à des gravures de mode qu’à d’authentiques rockeurs aux cheveux gras. En plus, Sofia Coppola met leurs chansons dans ses films pour trentenaires bobos. Définitivement, les Strokes c’est un phénomène hype, pas un vrai groupe. »
Souvenez vous du clip de Reptilia qui cristallise l’âge d’or du groupe: un Casablancas brûlant, au regard quasi dément. Des guitares urgentes dont les vibrations font trembler le corps. Des converses qui s’agitent nerveusement sous l’emprise de rythmes saccadés.
Puis il y eu cinq ans d’attente, pour au bout du compte, une belle déception. « Angles » un album un peu facile et mou. A croire que la démocratie n’a pas que du bon : Casablancas qui jusqu’à présent composait seul, a laissé ses petits camarades contribuer, pour un résultat mitigé.
Tout ça pour dire, qu’en allant au concert hier soir, j’avais le cœur lourd.
Après une première partie assourdissante, les Strokes sont finalement arrivés, accueillis comme le messie lui-même, par un public bouillant composé de fans de la première heure. Julian, qui n’a pas quitté ses lunettes de soleil et son blouson en cuir de la soirée, attaque le set sur un « New York City Cops » électrisant. Beaucoup de chansons du premier et du deuxième album, notamment un flamboyant « What Ever Happened ? ». On sent un petit flottement dans la salle quand ils jouent Angles à part sur « Undercover of Darkness » et « Machu Pichu » qui déchainent le public.
Le concert s’achève sur Take It Or Leave It. L’apothéose.
En définitive, c’est un concert parfaitement exécuté par un groupe qui est heureux d’être là – à se demander pourquoi Albert Hammond sourit en permanence – mais les chansons sont trop enchainées (le concert dure moins d’1h30) et un peu trop carrées. On aurait aimé voir un brin en plus de fantaisie mais il faut relativiser : les Strokes étaient presque aussi excellents que le public était en délire.