LITANIE POUR LA ROSE
C’était
l’hiver et la nuit
Quand naquit une rose tardive
Blanche et
brûlante de froid
Dans le
ciel immobile elle glanait des étoiles
Les pétales
épanouis
La rose s’amincissait dans la nacre et l’argent
Elle
dardait ses étamines vers le ciel immobile
Immense
dôme serti de pierres précieuses d’un orfèvre fou
Elle jetait
des regards vers la voie lactée et sa flore nocturne
Rose née
dans le creuset d’un cœur antarctique
Rose nue
dressée sur les ergots de ses épines glacées
Rose issue
d’un cloître de vierges stériles
Au sein de
l’hiver et de sa nuit sans lune
Au sein des
ténèbres étoilés d’un Nord désertique
Rose dont
le parfum transcende les parfums oniriques
Aux alcools
saints des sacrements et divines magies
Rose qui se
joue des caresses d’été et des idoles perfides
Rose
écartelée par tous les offices des mers gelées
Rose
gracile comme un chant qui s’éteint sous la neige
Plus rien
ne pourra sauver ta froide nudité
Ton corps
svelte et tes jambes galbées à la manière
Des flutes
de cristal où je bois mon champagne.