Une lettre oubliee

Par Vertuchou

Mon amour, ma bien aimée,
Me voici trop loin de toi
Comment survivre éloigné
De ton coeur et de tes bras ?
De mon coeur et de mes bras
Tiens, je l’avais oubliée,
Cette lettre et qui ma foi
Peut me l’avoir envoyer ?
Si tu savais quel ennui
Loin de nos jeux amoureux
Est-ce André ou Henri
Ou Paul aux si beaux yeux?
Rien ne distrait la folie
Qui l’entoure mais rien ne peut
Détourner mon coeur épris
Oh non, ça ne peut être lui
Mon coeur, mon feu, ma joie
Je reviendrai sois en sûre
Vrai c’est la première fois
que je vois cette écriture
Ton portrait posé sur moi
Me protège et me rassure
Cette lettre entre mes doigts
Serait-elle une imposture?
Oui l’Enfer est de ce monde
Mais le pire est de compter
Ces jours, ces heures, ces secondes
Qui nous tiennent séparés
J’ai beau chercher dans la ronde
De mes amoureux passés
Dans quel amnésie profonde
Cet amant là s’est noyé
Mon amour, ma toute belle
Je t’aime et je t’aime tant
Il n’y a rien d’éternel
Rien qui ne résiste au temps
Un baiser sur ta prunelle
Sur ta bouche tout autant
Rien qui ne résiste au temps
Et la mémoire est cruelle
Mais adieu ma vie, mon coeur
Il faut bien que je m’en aille
On m’appelle, il est six heure
A demain, vaille que vaille !
A moins que ton artilleur
N’ait pour seules funérailles
Que les tranchées et la peur
Le vacarme et la mitraille
Sur ces pages abimées
Il manque une ultime morsure
La certitude affirmée
D’une simple signature
Mon amour, si d’aventure,
Au front je devais tomber,
Je voudrais que tu me jure
De ne jamais m’oublier.

Juliette NOURREDINE