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La veuve du défunt Matoub Lounes, Nadia, et ses deux sœurs, Warda et Farida n’ont pas exclu ce mardi 19 juillet de saisir de nouveau les tribunaux pour relancer la procédure afin de faire éclater la vérité sur l’assassinat du chanteur Matoub Lounes, tué le 25 juin 1998. « Maintenant que l’écueil juridique inhérent à la problématique de la connexité des faits et des procédures est dépassé par ce jugement, Mme Nadia Matoub et ses sœurs, fidèles au combat de Lounes Matoub, et en leur qualité de victimes, se réservent le droit de procéder à la saisine des instances judiciaires compétentes pour relancer, avec toutes les bonnes volontés, la procédure judiciaire sur des bases qui, loin de tous calculs politiciens, sont à même de permettre à la vérité de jaillir », indique un communiqué signé par MeHannoun, leur avocat.
Les trois femmes, présentes lors de l’assassinat du chanteur, entendent relancer, maintenant que le procès a eu lieu, une plainte déposée en 2008, mais rejetée par le parquet de Tizi Ouzou, contre des personnes « en mesure d’être identifiées ». Refusant de cautionner ce qu’elles appellent « une parodie de justice », les trois sœurs qualifient le procès de « mise en scène qui tend à juger deux accusés mais sans toucher au fond du dossier : la vérité et toute la vérité sur les véritables assassins de Lounes Matoub et leurs commanditaires ».
Selon ces trois femmes, le verdict prononcé à l’encontre des accusés, « des lampistes », ne vise qu’à soulager les autorités soumises aux pressions des ONG. « En condamnant les deux accusés à 12 ans de réclusion criminelle, alors que la peine de mort a été requise par le représentant du Parquet, le tribunal criminel n’a fait que prouver que la véritable motivation consiste à couvrir par cette condamnation pénale la détention considérée de juste comme arbitraire. Avec cette décision rendue au nom du peuple, il soulage les hautes autorités du pays qui étaient acculées par les insistantes dénonciations des ONG », note le communiqué.
Les trois sœurs restent cependant convaincues que l’éclatement de la vérité est ardu. «Compte tenu de la portée du combat de Lounes Matoub pour Tamazight et la démocratie, qui donne une dimension politique à son assassinat, Nadia Matoub et ses sœurs Farida et Warda restent plus que jamais convaincues que la justice et la vérité sont intrinsèquement liées à l’avènement d’un Etat de droit et à l’existence réelle d’une justice indépendante ».
Par Sonia Lyes