Féminité à tout âge

Publié le 21 juillet 2011 par Gentlemanw

Je vous parle de FéminitéS, et je ne saurai prétendre à parler de toutes les femmes, de toutes les catégories, de tous les coins et recoins de leurs vies. Mais je voulais ouvrir une porte.

Sur cette jeune femme et ce jeune homme, frais et marchant d'un pas affirmé vers la maison de retraite. Ils arrivent et ils sont attendus depuis leurs dernières visites, la semaine dernière. Il ne faut d'ailleurs pas de jour férié, car le jeudi est sacré, ici dans la salle de divertissement de cet établissement. Ce matin, les hommes et les femmes, beaucoup plus nombreuses, une parité de huit à neuf femmes pour un seul homme, toutes veulent être bichonner.


L'esthéticienne et maquilleuse s'occupera de vernir, de "rajeunir", de rafraichir les sourires de ses jeunes femmes qui oscillent entre soixante douze ans et quatre-vint dix-huit ans. Depuis cette intitiative lancé par le précédent coiffeur, aujourd'hui remplacé par le jeune homme, elles veulent toutes être élégantes pour la sortie du week-end quand les enfants, petts-enfants et autres membres de la famille passent les voir. Ce moment est un instant de féminité retrouvée, certes elles dansent plus lentement, parfois restent dans leurs fauteuils, les journées passent, mais elles se racontent, elles se voient, un peu floue me confira l'une d'elle. Mais la plaisir est d'être chouchouter par deux mains et des ciseaux pour que leur carré de cheveux fins reprenne forme, que leur coiffure ne soit plus défaite mais impeccable. 


Pour plaire ? non car bien malheureusement leurs compagnons sont partis au carré des arbres pointus, à l'entrée du village, de leur ville de leurs anciennes résidences. Pour se plaire et pour exister encore un peu, les journées sont longues, la vie n'a plus la même saveur sauf le jeudi. Elles rivalisent de beauté, de souvenirs aussi pour les plus philosophes et parfois même de jalousies, oui encore à leur âge. Quatrième âge ou totalement senior, pas encore sénile, elles ne savent plus, les gestes tremblent mais un beau vernis sur les ongles, cela redonne de la force. Une sensation d'avoir les mains délicates, après avoir été coiffées, elles avancent vers l'autre jour. Le prochain !

Coiffure, une pointe de rouge à lèvres, des sourcils dispersés qui se réalignent, des signes de vieillesse qui sont là, des vraies rides, celles qui donnent la beauté du rétro, d'une peau qui entraîne le temps, le freine, et lui demande d'attendre entre deux creux.

source 123RF

La féminité n'attend pas, ni à quinze ans, quand elles étaient fraîches, ni maintenant, un peu plus âgées, quand elles se plient au jeu futile de séduire le jeune homme, de se comparer à la jeune fille. A quand la mini-jupe ? La semaine prochaine m'a répondu la nonagénaire, j'ai un cours de salsa avec le jeune coiffeur. Le sourire était malicieux.

Je dédie cet article à mes nombreuses grands-mères, à mes arrières grands-mères qui m'ont confié un bagage génétique fort encombrant : l'amour de leurs sourires, la complicité de leurs regards, la passion des petits plats réchauffés, le sens du don.

Nylonement