Thomas Ngijol et Fabrice Eboué avaient visiblement à coeur de ne pas faire dans le rire inutile. Ils voulaient que leur comédie parle de notre société et porte un message fort. Pari en partie réussi grâce à quelques idées judicieuses. Dommage que le sujet soit porté par un scénario et une réalisation maladroits.
Synopsis : Joël, jeune délinquant des cités, et Régis, bourgeois parfaitement intégré, sont noirs, demi-frères et se connaissent à peine. Un retour au temps de l’esclavage va bouleverser leur vie.
Deux bonnes idées permettent à Case départ de se démarquer. D’abord, la confrontation de notre vision du racisme à la situation telle qu’elle était il y a un peu plus de deux siècle. Ensuite, le choix des deux archétypes représentés par Joël et Régis, assez éloignés des personnages qu’on peut voir habituellement au cinéma.Joël n’est ni le mec cool et dégourdi, ni le petit rigolo des cités comme le sont par exemple les personnages de Lascars. Joël est raciste, fainéant, lâche, il utilise sa couleur de peau comme un prétexte à tout ce qui ne va pas dans sa vie. Quant à Régis, il représente l’assimilation hypocrite. Le déni de ses origines le pousse à être encore plus virulent et raciste que ceux à qui il veut ressembler.
Dans Case départ, il n’est pas question de ceux qui ne peuvent pas s’en sortir, écrasés sous le poids d’une société qui ne veut pas d’eux. Case départ parle au contraire de ceux qui sont prêts à se renier eux-mêmes pour réussir et de ceux qui utilisent leur identité pour justifier leur comportement. C’est-à-dire de ceux qui n’ont aucune attache véritable à leur culture, à leur histoire, qui essaient de l’oublier ou de la détourner pour servir leurs intérêts individuels.
Tout cela permet au film d’insister assez judicieusement sur l’importance de nos racines, car ce sont elles qui définissent notre identité. Pas d’assimilation amnésique. Pas de refus d’intégration. En comprenant leur histoire, Joël et Régis pourront peut-être décider de vivre en paix avec leur double culture.
Dommage, avec une telle matière, que le film ne réussisse que très partiellement à faire passer son message. La faute à des personnages trop caricaturaux, des situations qui se répètent au bout d’une heure de film, une réalisation mollassonne, un scénario mal construit et un épilogue bâclé et peu crédible. Il manque à Case départ un vrai réalisateur et un vrai scénariste pour mieux intégrer les gags dans un film de cinéma. Thomas Ngijol et Fabrice Eboué nous racontent assez mal leur histoire, par ailleurs plutôt sympathique et parfois drôle.
Note : 4/10
Case départ
Un film de Thomas Ngijol, Fabrice Eboué et Lionel Steketee avec Thomas Ngijol et Fabrice Eboué
Comédie, Fantastique – France – 1h34 – Sorti le 6 juillet 2011