Dans notre guilde il y a des gens qui viennent de partout. Des québécois, deux superbes suédoises, beaucoup d'italiens dont un qui est vraiment mignon et pas mal de français. Comme on est une jeune guilde, on a décidé de partir à l'assaut du Sud-Lipez et du Salar d'Uyuni tous ensemble. Histoire de renforcer les liens comme il dit le chef !
Notre spécialité: râleur !
Notre point fort: l'humour !
Notre point faible: l'impatience !
Alors je vous laisse imaginer ce qui peut se passer quand il y a un problème…
Courageux et plein d'espoir, nous bravions les premières neiges du Sud-Lipez, cette belle région de Bolivie, lorsque nous atteignîmes le premier refuge. En une nuit, le sol fût recouvert de blanc. Malgré une visibilité réduite, nous étions tous convaincus que nous pourrions voir les lagunes, le désert, les volcans… Notre point faible se manifesta dès le second jour ! Sans préparation, nous voulions tout de même braver le vent glacial, explorer les environs à la découverte des trésors incroyables dont d'autres nous avaient parlés.
Notre mécano, muni de son GPS étudia les parages.
Notre porte-parole (plus parolier que porteur) négocia avec les guides.
Notre barde nous gratifia de constats pleins de sagesse sur la situation.
Et je m'interrogeai sur la relation qu'entretenaient Véra et Maria.
Voyant notre impatience se transformer en rage, Ronald, notre guide ponctuait notre parcours de phrases soporifiques pour nous divertir :
« Ici est tombé une météorite sur la montagne.
Plus loin il y a un petit salar.
Non nous ne verrons pas de lagunes… »
Vêtu de son bonnet péruvien relevé sur les côtés, il ressemblait au Commandant Massoud. Et Santos Ramirez Ayma, notre cuisinier nain bossu légèrement enrobé souffrant de l'altitude grognait en dormant, comme à son habitude.
Après 3 jours de routes caillouteuses, le printemps pointa le bout de son nez. La neige commença a disparaître. Les torrents se dégelèrent. La vie reprit son cours normal et nous rejoignîmes enfin le Salar d'Uyuni. Toujours enthousiastes, nous nous imaginions courir sur le sel, compter les cactus de l'île Inca Huasi mais notre joie fût de courte durée.
Le Salar à cette saison est inondé ! Nous n'étions plus à ça près.
Que devions-nous faire?
Nous plaindre?
En rire?
En pleurer?
Les bouteilles de vin nous aidèrent à décider ! Saoules, mon remake suédois de Tatu allait sûrement répondre à toutes mes questions ! Ce même soir, j'appris beaucoup de chose sur notre Dream Team. Nos rangs ne comptaient pas seulement des québécois, mais des séparatistes québécois, René s'appelait en fait Mauro, je découvris que Treena avait un thermomètre accroché à sa fermeture de doudoune, Nico me parla de photo argentique pensant que j'y connaissait quelque chose et notre table compta au final 13 personnes.
Objectif atteint : nous étions soudés.
Motivés, nous décidâmes de faire l'ascension du volcan Tunupa le lendemain. Ronald alla chercher un guide au village. Mais lorsque celui-ci arriva, il nous expliqua que : « no se puede ! » En hiver, il faut des piolets et de l'équipement de haute montagne pour pouvoir rejoindre le cratère au sommet. Nous pourrions tout de même grimper au second palier.
Après 4 jours de Jeep, nos jambes avaient besoin de bouger. La montée fût sympathique. Les aventuriers pleins de testostérones prirent la tête du peloton, Treena se demanda si elle était la seule à souffler autant et Renaud, notre barde, pris soin de marcher avec les filles. Les premiers rayons de soleil pointèrent lorsque nous atteignirent le mirador. Quel spectacle magnifique. Rose et orange se mêlèrent pour refléter les montagnes autour du Salar. Nico essaya une nouvelle fois de tuer un lama avec sa fronde puis nous redescendîmes. Une journée complète au Salar nous attendait. Le moindre élément se caléïdoscopait à la perfection dans l'eau.
Alors que pour la première fois, tout se passait pour le mieux, nous remarquâmes que la 3ème Jeep n'était plus derrière nous. Solidaires et vaillants, nous décidâmes de faire demi-tour pour retrouver le reste de nos rangs. Nous roulions depuis environ 15 minutes lorsque Ronald, d'une manière toujours aussi calme, lanca: « Ho-ho, tenemos un pequino problema». En effet, nous nous enfoncions dans l'eau et dans le sel. La Jeep ne pouvait plus avancer et nous dûmes, une nouvelle fois, nous rendre à l'évidence: nous étions pris au piège. Chaussures et chaussettes ôtées, nous essayâmes de pousser la voiture en vain. Ronald partit chercher des secours.
Deux heures d'attente nous permirent d'imaginer toutes sortes de fins possibles à cette histoire.
Qui mourrait en premier?
Pouvions nous manger de l'humain?
Que restait-il comme provision dans la Jeep?
Pouvions-nous survivre à une nuit à -25° C?
Pourquoi avions nous mangé tous les Frosties ?
Panique sur le Salar !
Les secours arrivèrent : une Jeep et quelques planches volées à l'hôtel de sel. Trois heures dans une eau entre 5 et 10°C rendirent nos pieds rouges et insensibles au sel coupant ! Nous finîmes par sortir notre véhicule de son pétrin, par nous réchauffer à l'intérieur et par rejoindre la 3ème voiture qui souffrait simplement d'une panne de batterie. Ce que nous ne savions pas c'est que pendant ce temps le beau Nico, la douce Nadia et nos amis québécois avaient appelés la police locale car ils s'inquiétaient !
Le bilan de ces 5 jours fût très mitigé. Nous n'avons pas vu grand chose, nous avons beaucoup parlé pour ne rien dire, mais finalement nous avons passé de bonnes soirées. Je n'ai pas les réponses à mes questions mais je crois que malgré nos caractères très différents, nos liens se sont renforcés et même si on ne se revoit jamais : bon voyage à tous !!
Aide aux routards:
Agence Grana de Oro de Tupiza. Nous avons toujours eu de bons échos de cette agence malgré toutes nos péripéties et la cuisine fût très bonne !
Hotel: El Refugio del Turista à Tupiza
Si neige il y a, n'insistez pas pour aller au Sud Lipez, nous avons croisé des aventuriers, frigorifiés qui ont passé plusieurs jours bloqués et sans nourriture.
Ne pas hésiter à demander le parcours exact et de quelle manière celui-ci peut changer.
Attention: pas de banque à Tupiza, aller à Banco Fie pour avoir un Cash Advance et à l'arrivée à Uyuni, le seul guichet marche rarement !