Dans une revue d'art anglo-saxonne, j'ai trouvé une info surprenante au sujet d'une supposée criminelle qui circule de musées en expositions à la recherche de ses proies. Psychopathe, elle aurait un profil délié de toute raison obsédée par les spectateurs particulièrement amoureux des œuvres exposées. La potentielle tueuse selon les contenus de graffitis observés par la police dans certaines rues de Brooklyn certifie détecter les sens diaboliques et maléfiques mis en éveil dans le regard de spectateurs trop sensibles. Elle les menace des pires sévices s'ils persistent à fréquenter assidument les musées contemporains de la ville de New York. Alerté par des habitants mécontents de la récurrence de ces tags agressifs et violents, la police a cru à une blague d'artiste en mal de reconnaissance. Mais par le recoupement de plaintes déposées, les policiers ont constaté que plusieurs personnes avaient reçu des lettres de menaces sérieuses dont certaines assez sévères. Toutes ses victimes sont des habitués des musées contemporains new-yorkais et adeptes de l'art contemporain qui auraient été pris en filature lors de leurs visites. Certains d'entre-eux ont reçu des mails injurieux et offensants, des menaces de mort qui confirment que cette virtuelle criminelle s'est intéressée de près à leur vie intime. Les enquêteurs ont démarré un travail de fond pour déterminer son profil psychologique et ils ont interrogé certains journalistes et critiques américains spécialistes de l'art contemporain ne sachant pas trop si cette illuminée était une artiste mal avisée, le fruit d'une jalousie monomaniaque d'artiste ou tout simplement un gag. Ces coutumiers des stars de l'art contemporain ont expliqué aux enquêteurs que chez les artistes contemporains la création ne se schématise pas à sa simple dimension esthétique, à son éventuelle beauté ou un répertoire classique des valeurs structurant un ordre domestique des grandeurs. Cette supposée criminelle peut utiliser plusieurs registres couramment exploités en art contemporain, par exemple la déconstruction des valeurs traditionnelles des conditions nécessaires à la monstration (exposition) des œuvres d'art et elle peut recourir à des différentes stratégies pour défaire, altérer voir démanteler l'ordre ou la hiérarchisation des valeurs établies, marchandes ou institutionnelles. Elle peut aussi utiliser différentes stratégies pour accéder à la notoriété, la célébrité ou la popularité comme elle peut par le registre de ses stratégies explorer les critères de la notoriété ou de la popularité pour dominer, maîtriser voir créer son propre registre afin de contrôler sans les filtres du marché de l'art, des médias, du marketing culturel ou institutionnelle sa propre image. Mais la supposée criminelle ne se définissant pas dans ses menaces comme artiste et n'utilisant pas un glossaire calligraphique classique spécifique aux tags, ses actes sont assimilables à un exécutif consécutifs à des pulsions, des concepts difficiles à cerner et sujet à des interprétations qui peuvent s'avérer équivoques. L’auteur de ses menaces est habitée et animée d'intentions obscures, confuses, pulsionnelles sujet peut-être à un trouble de la personnalité hantée et caparaçonnée par la rigidité d'une ascèse mystique. Chez l'artiste, seul libre arbitre de ces choix, la passerelle entre la volonté et l'intentionnalité est ambivalente, une dynamique qui répond rarement aux préceptes ordinaires de l'éthique. Même pour les spécialistes il est difficile de borner et de délimiter ce processus de la ténacité ou de l’opiniâtreté chez un artiste d'autant plus que si l'auteur aspire au degré de créateur et qu'il n'a pas l'aptitude, les moyens, les ressources de réaliser ses objectifs. Quant à raisonner sur les modalités des possibles, si elle est inhibée par la frustration d'une incapacité à modéliser des objets de l'intime ou d'exprimer un univers inspiré, l'autodestruction ou la prédation violente sur son semblable ou sur son prochain sont envisageables. La résolution et l'entêtement à accomplir une mission mystique, cette ardeur à inscrire l'artiste (si elle se prend pour un artiste) dans les pratiques du chaman peut-être initiateur chez un artiste inhibé, refoulé, empêché aux pratiques de la création à un exercice très personnifié du domaine de l'argumentaire. L'usage d'injonctions constituant des variables (dans ce cas fausses) susceptibles d'établir une proposition vraie à ses yeux se substituant aux valeurs formelles de la création artistique et des valeurs esthétiques. « Je te critique » (valeurs esthétiques) « je te menace » (répertoire d'autorité), « je te parle d'art » (registre artistique), « tu es sublimé à tord par des œuvres d'art» (métaphysique, jugement ontologique et éthique), donc « je m'impose comme ton étoile » (ordre mystique), « soumets toi aux exigences de mon analyse» (valeurs d'usage ou du bon usage) et sous réserve d'un outil mal affuté aux méthodes empiriques de la sociologie. Toutes ses injonctions forment des particules de valeurs sans référent esthétique qu'elle impose comme une substance originelle du regard sur l'art en quête d'un rituel qui ne peut lui échapper. Leur rituel est composé à ses yeux de deux actes : l'assiduité à contempler des œuvres contemporaines dans des musées ou des expositions d'art contemporain et l'accoutumance à une sublimation fruit de leurs contemplations, deux actes qui configurent et façonnent son propre rituel sur deux axes: la récurrence de ses menaces et la fréquence de ses surveillances. Elle affirme en quelque sorte que «les rituels sont les rituels » au même sens qu'« un sou est un sou » ou que « les affaires sont les affaires ». Ce glissement sémantique lui permet de s'affirmer comme initiée puisqu'elle se préfigure comme une personnalité ayant autorité sur les dits initiés. Elle s’insère puis s'implique dans un registre commun à ses victimes. Elle cherche à établir par ses menaces une connexion métaphysique avec des initiés qu'elle ne peut établir peut-être dans ses propres expositions dans le cas où elle exerce une activité artistique. Les journalistes américains spécialistes de l'art contemporain s'accordent sur une analyse, leur difficulté commune de discerner dans ce rituel l'acte ou pas d'un artiste car leur jugement butte sur la nature même de leur propre initiation. Les enquêteurs ne comprenant pas ce défaut d'analyse ont dû admettre avec de plus amples explications que la supposée criminelle pourrait utiliser les dits victimes comme écran, prétextes ou provocations pour amorcer une longue discussion avec les journalistes eux-mêmes initiés à l'art contemporain. L'enquête est au point mort, analystes, enquêteurs et victimes attendent la suite des événement reconnaissant qu'ils sont dans une phase stagnante et qu'ils subissent à défaut de prendre la supposée criminelle sur le fait ou par une enquête ciblée sur la provenance des mails. Les initiés visés par les menaces de la supposée criminelle sur les recommandations de la police new-yorkaise continuent leur rituels dans les musées d'art contemporain placés sur haute surveillance. Le papier de cette revue d'art anglo-saxonne s’étonne que la supposée criminelle ne signe pas ses menaces ou ses mails d'un pseudonyme ou d'un sigle. Un volet qui n'est pas étayé dans l'article de la revue d'art. Artiste ou pas artiste? Ne signant pas ses actes, je l'ai surnommé au cas où ce personnage insolite aurait une vue basse sur l'art; « l'abaissée », l'ABC ou Art Brooklyng Criminal.
Lili-oto artiste contemporain