Me voilà en transit à Madrid. J’en profite pour écrire un peu non pas sur la course, je remets à bientôt la rédaction de mon récit détaillé, mais sur ma visite de Lima qui m’a occupé ces deux derniers jours. En effet, lorsque je suis en voyage dans un pays, même si c’est souvent, et c’était le cas ici, avant tout pour y arpenter les chemins sauvages et les montagnes, j’apprécie de visiter un peu les villes et notamment les capitales, qui donnent aussi le pouls d’une nation. Après tout, c’est la que vivent la plupart des habitants, et cela complète bien l’aperçu que l’on peut avoir de leurs vies, après les rencontres avec ceux qui peuplent les montagnes ou la pampa.
Au Pérou, à l’image du pays, la capitale m’a paru vivante et pleine de contrastes. Bien sûr la ville ne présente pas l’aspect plutôt bon enfant de Huaraz, notre port d’attache avant de partir dans les cordillères, une cité sans trop d’intérêt touristique(elle a été détruite par un tremblement de terre en 1970) mais qui accueille dans une bonne ambiance les trekkers et alpinistes, avec un petit air de Katmandhou des Andes. La vie y semble plutôt paisible.
Bien entendu à Lima, l’atmosphère est différente. D’abord parce que le climat n’est pas du tout le même: et en hiver, à Lima, et bien il règne un temps très particulier: une espèce de brouillard venu de l’océan pacifique envahit la ville pendant pratiquemment six mois. Il s’en dégage un ciel plombé de gris, donnant une atmosphère étrange. Il ne fait pas froid, il ne pleut pas, mais tout se déroule sous cette chappe de plomb.
Herman Melville décrivait Lima comme la ville « la plus triste du monde». Certes ce climat (il parait que les incas avaient indiqué ce lieu au conquistador Pizaro, le fondateur de l’endroit, pour se venger de ses exactions: il ne pleut ni ne fait presque jamais beau!) ne doit pas contribuer au bien être général, mais je serai plus contrasté que l’auteur de Mobby Dick: le dimanche, en me promenant en compagnie de Jérôme (4e de cet CHHT) dans le centre historique nous croisons un défilé religieux, à mi-chemin entre la procession espagnole et le carnaval brésilien. Les couleurs sont vives et les sourires bien présents. Les gens ont l’air de bien s’amuser à cette parade qui doit leur prendre pas mal de temps de préparation. Le centre ville présente aussi de beaux édifices historiques, du baroque espagnol à peine revu à la mode péruvienne. Nous ajoutons quelques mètres dénivelés au voyage en grimpant jusqu’en haut du clocher de la basilique San Dominic, ce qui, outre la vue sur la ville (bien grise vue d’en haut) nous amuse bien.
Un tour vers la grande artère commercante et piétonne nous indique que ça vit et que ça consomme même le dimanche. Le Pérou est un des pays les plus développé d’Amérique latine. Nous l’avions déjà senti à Huaraz et même dans les montagnes où les routes et les infrastructures émergent. Si les rencontres, sur les chemins, d’un peuple de montagnards et de mules m’ont bien souvent rappelé le Népal, la comparaison s’arrête là. Pas de réelle misère, même dans les villages reculés. En tous cas pas dans la région de Huaraz.
Le soir revenu dans le quartier de San où nous logeons, à la Casa de Arturo (l’accueil est sympa et décontracté), je dois dire que l’assertion de Melville me revient à l’esprit: ce quartier, situé comme les autres «municipalidad» populaire au-delà du fleuve Rimac, n’est pas à proprement parlé réjouissant par une nuit de brouillard. Certes les rues sont animées mais l’ambiance et surtout le faible éclairage dans la nuit brumeuse ne donnent pas envie de flâner dans ces rues sans attraits. Je ne m’attarde donc pas vraiment dans les rues après un rapide dîner.
Le lendemain, changement de décor à nouveau: un coup de collectivo (les petits bus locaux, où je ne suis pas au bon format, c’est prévu pour 1m65 pas plus!) et me voilà dans les quartiers chics: et surtout Miraflorès. C’est avant tout le bord de mer qui fait l’attrait du quartier. Des promenades plutôt agréables et bien aménagées fleurissent là, surmontant l’océan pacifique. Des immeubles et tours modernes tout conforts semblent abrités les classes riches de Lima. Le quartier compte aussi quelques maisons plus anciennes et le tout, notamment grâce aux rollers et aux cyclistes qui flânent sur le remblai, à un petit air californien. C’est plutôt pas désagréable et malgré le brouillard, qui semble moins gris devant l’océan, le coin est presque riant, pour le moins cossu, et fait alors mentir Melville. A Lima, plus on s’éloigne de la mer et moins bien on est loti.