Après avoir occupé le devant de la scène médiatique pendant plusieurs mois, en particulier depuis les événements qui ont touché France Telecom et Renault, le sujet des risques psychosociaux a quelque peu disparu des médias. Pourtant il n'en reste pas moins un sujet d'actualité qui nécessite à mon sens une meilleure prise en charge. Mais avant de se demander comment traiter la question, sans doute faut-il commencer par la clarifier.
Les risques psychosociaux, c'est quoi ? On parle de stress, de pénibilité, de harcèlement moral et de risques psychosociaux. Ces notions semblent parfois recouvrir une même réalité. Comment les distingue-t-on ? Que doit-on comprendre quand on parle de risques psychosociaux? Ou plus exactement, par quel bout prendre le sujet pour le traiter efficacement ? Voici un petit lexique pour s'y retrouver.
Le stress : le premier à l'avoir défini est Hans Selye, endocrinologue autrichien du 20è siècle. Pour lui le stress est la réaction non spécifique du corps à toute demande qui lui est faite. Non spécifique signifiant qu'elle est commune à tous les individus et qu'elle surviendrait de la même façon quel que soit le contexte. En France on en trouve une définition très éclairante dans l'accord interprofessionnel du 2 juillet 2009 sur le stress au travail qui dit : "le stress surivent lorsqu'il y a déséquilibre entre la perception qu'une personne a des contraintes que lui impose son environnement et la perception qu'elle a de ses propres ressources pour y faire face".
Le harcèlement moral : la notion a été popularisée en 1998 par Marie-France Hirigoyen dans son livre au titre éponyme. En droit elle recouvre aujourd'hui des agissements répétés qui ont pour objet ou pour effet une dégradation des conditions de travail susceptible de porter atteinte aux droits de la personne du salarié au travail et à sa dignité, d’altérer sa santé physique ou mentale ou de compromettre son avenir professionnel. Deux remarques rapides : la première est qu'il est souvent difficile pour un salarié en détresse de démontrer la répétition des agissements qu'il peut subir. La deuxième est que le droit considère que de tels agissements peuvent constituer un harcèlement moral, même sans intention par leur auteur de harceler quiconque. Il suffit que les effets de ces agissements soient constatés pour être punis par la loi.
La pénibilité : on envisage d'abord la pénibilité physique, qui recouvre toutes les conditions de travail pouvant nuire à la santé physique de la personne. Aujourd'hui on ne parle pas encore très clairement, du moins à mon sens, de pénibilité psychique. Attendons donc que l'idée fasse son chemin et nous en reparlerons. Evidemment, on se doute qu'elle entre dans les questions que toute organisation doit se poser pour ne pas mettre en jeu la santé des personnes qui y travaillent.
Les risques psychosociaux : c'est aujourd'hui cette appellation qui est privilégiée par les professionnels qui souhaitent se pencher sur le versant psychique de la santé au travail. Pour faire simple, les risques psychosociaux recouvrent à mes yeux tous les facteurs qui peuvent mettre en péril la santé psychique des personnes dans leur cadre de travail. Ce qui est intéressant c'est que l'on parle ici de risque, tandis que les notions précédentes recouvrent toutes des situations de souffrance déjà existantes. En traitant le risque, on peut intervenir en anticipation, et pas seulement en pompier comme c'est encore très majoritairement le cas.
Je reviendrai ultérieurement plus en détail sur plusieurs de ces notions. Ce qui m'intéressera notamment sera de voir avec vous comment en travaillant sur les risques psychosociaux, une organisation peut créer un cercle vertueux et satisfaire la légitime demande de ses collaborateurs à travailler dans un cadre sain, tout en trouvant des leviers pour atteindre ses objectifs économiques.
P.S1 : Comme vous le constatez par ce billet, la boutique s'ouvre à nouveau ! J'en suis tout content. :o)
P.S2 : j'ai renommé la catégorie "un peu de recherche et d'idées" en "un peu d'observations". Ce n'est pas génial mais j'ai du mal à trouver un nom qui convient.
P.S3 : j'ai voulu une image un peu amusante pour illustrer ce texte, pour ne pas l'affliger de pathos. Vous aurez sans doute reconnu la patte de Pénélope Jolicoeur, qui je l'espère ne prendra pas ombrage de ce que j'ai utilisé son dessin sans lui demander sa permission. Cliquez sur l'image pour découvrir son blog si vous ne le connaissez pas encore !