Pourquoi a-t-on l’impression que lorsque la vraie politique se fait, on n’en n’entend plus parler ? Depuis jeudi dernier en effet, tout ce qui concerne le choix du premier ministre ne fait plus la une. Bernard Gousse, le premier ministre désigné par Martelly, a demandé un report d’une semaine pour déposer ses pièces. Tout le monde comprend que ce délai n’est pas lié au fait qu’il cherche dans son grenier certains papiers, mais que lui et l’équipe du président doivent faire les négociations nécessaires avec les parlementaires. Concrètement, la candidature de Gousse avait du plomb dans l’aile. Le niveau de tension étant trop élevé entre le président et le parlement, il fallait donc permettre à la marmite de laisser sortir un peu de pression. Cette pression s’évapore actuellement dans une négociation relative à la confection du gouvernement. Martelly aurait donc accepté la position des parlementaires – ‘On laisse passer ton premier ministre si tu nous laisses contrôler certains ministères’ – et travaille actuellement à séparer la part du gâteau. Parce qu’un gouvernement, compris dans une certaine perspective de corruption, c’est un gros gâteau. Il y a des ministères directement plus ‘payants’ que d’autres, ou qui offrent davantage que d’autres des opportunités de consolider sa position de parlementaire. Entre contrôler le Ministère de la santé et celui de la condition féminine, le choix est facile. Je ne vous parle pas du Ministère des finances ou de celui de la sécurité publique … Il semble donc que tout ce silence (ce presque silence pour être plus juste) serve à nos amis politiciens un climat plus serein pour les négociations. Parce qu’en Ayiti, tout ce qu’il y a de politiciens et d’analystes nous emplissent les oreilles depuis des semaines que la politique dans un contexte démocratique, c’est l’art de négocier. Que cette négociation est au centre de tout et que de ce point de vue, le pays n’a pas une grande expérience, que nous en sommes à nos premiers pas. Toutes ces années de dictature n’auraient jamais permis de développer cette pratique politique de la négociation. Je ne suis pas politicologue, mais ça me semble nettement réducteur de définir la politique comme l’art de négocier, peu importe le contexte d’une démocratie ou d’une dictature. Je dirais plutôt que la politique est l’art de mettre en forme une vision de la société et que la négociation est l’un des outils nécessaires. On est dans un contexte démocratique quand cette vision est connue de la population, acceptée et appuyée par elle, que les moyens pour la mettre en œuvre (les négociations par exemple) sont publiques et que les journalistes peuvent nous expliquer qu’est-ce qui est sur la table de ces dites négociations. Ce qui cloche actuellement est que toutes ces négociations n’ont rien de très démocratiques. À moins qu'on en soit à négocier la démocratie...
Pourquoi a-t-on l’impression que lorsque la vraie politique se fait, on n’en n’entend plus parler ? Depuis jeudi dernier en effet, tout ce qui concerne le choix du premier ministre ne fait plus la une. Bernard Gousse, le premier ministre désigné par Martelly, a demandé un report d’une semaine pour déposer ses pièces. Tout le monde comprend que ce délai n’est pas lié au fait qu’il cherche dans son grenier certains papiers, mais que lui et l’équipe du président doivent faire les négociations nécessaires avec les parlementaires. Concrètement, la candidature de Gousse avait du plomb dans l’aile. Le niveau de tension étant trop élevé entre le président et le parlement, il fallait donc permettre à la marmite de laisser sortir un peu de pression. Cette pression s’évapore actuellement dans une négociation relative à la confection du gouvernement. Martelly aurait donc accepté la position des parlementaires – ‘On laisse passer ton premier ministre si tu nous laisses contrôler certains ministères’ – et travaille actuellement à séparer la part du gâteau. Parce qu’un gouvernement, compris dans une certaine perspective de corruption, c’est un gros gâteau. Il y a des ministères directement plus ‘payants’ que d’autres, ou qui offrent davantage que d’autres des opportunités de consolider sa position de parlementaire. Entre contrôler le Ministère de la santé et celui de la condition féminine, le choix est facile. Je ne vous parle pas du Ministère des finances ou de celui de la sécurité publique … Il semble donc que tout ce silence (ce presque silence pour être plus juste) serve à nos amis politiciens un climat plus serein pour les négociations. Parce qu’en Ayiti, tout ce qu’il y a de politiciens et d’analystes nous emplissent les oreilles depuis des semaines que la politique dans un contexte démocratique, c’est l’art de négocier. Que cette négociation est au centre de tout et que de ce point de vue, le pays n’a pas une grande expérience, que nous en sommes à nos premiers pas. Toutes ces années de dictature n’auraient jamais permis de développer cette pratique politique de la négociation. Je ne suis pas politicologue, mais ça me semble nettement réducteur de définir la politique comme l’art de négocier, peu importe le contexte d’une démocratie ou d’une dictature. Je dirais plutôt que la politique est l’art de mettre en forme une vision de la société et que la négociation est l’un des outils nécessaires. On est dans un contexte démocratique quand cette vision est connue de la population, acceptée et appuyée par elle, que les moyens pour la mettre en œuvre (les négociations par exemple) sont publiques et que les journalistes peuvent nous expliquer qu’est-ce qui est sur la table de ces dites négociations. Ce qui cloche actuellement est que toutes ces négociations n’ont rien de très démocratiques. À moins qu'on en soit à négocier la démocratie...