Écrit par Le Jour
Kaké est un village de 300 habitants environ, situé à 6km de la ville de Ntui, chef-lieu du département du Mbam et Kim. C'est le village d'Apollinaire Alima, dont il est par ailleurs le chef de troisième degré. La soixantaine, Appolinaire Alima est agriculteur. Ce 15 juillet 2011, le chef, à l'instar de ses administrés, s'est rendu à la place des fêtes de Ntui. Quatre de ses enfants encore en vie souffrent d'épilepsie. L'occasion du lancement du projet de prise en charge gratuite de cette maladie est une aubaine pour ce père triste, prématurément vieilli et traumatisé par la maladie de ses enfants. Pourtant, il trouve assez d'énergie pour parler de cette malédiction qui s'est abattue sur sa famille. « Ma fille de 15 ans est tombée pendant qu'on venait ici, elle a eu des écorchures sur le visage », confie-t-il. L'homme vit cette situation depuis trente ans. « Le 15 août 1981, quatre de mes enfants ont reçu la première communion. J'ai organisé la fête chez moi. Deux jours après, ma première fille est tombée et s'est mise à s'agiter en bavant », raconte-t-il.
A l'époque, toute la famille d'Apollinaire Alima était convaincue qu'il s'agissait d'une crise de paludisme. Même les religieuses du Centre de santé catholique de Ntui, où a été transportée la fillette âgée alors de 10, ans ont diagnostiqué le paludisme. Sans plus de succès. « On lui a prescrit des comprimés, mais les crises se sont accentuées », se rappelle-t-il. Suite logique, il rompt avec l'hôpital infortuné. « J'ai commencé à aller de marabout en marabout. Pendant que j'étais en soin avec elle chez l'un d'eux, mon garçon a, lui aussi, commencé à tomber. On m'a conseillé de les conduire à l'hôpital. Ma fille a suivi un traitement, on lui prescrivait des comprimés, elle ne tombait plus pendant quelque temps. Seulement, partie de la maison, ma fille est tombée enceinte. Elle a recommencé à tomber lorsque la grossesse avait huit mois. Lorsque je suis arrivé chez elle, elle m'a dit qu'elle avait arrêté de boire les comprimés : elle est morte au cours de l'accouchement. Le bébé est aussi décédé à l'âge de 10 mois », ajoute-t-il.
Au fil des années, le nombre d'enfants atteints d'épilepsie est allé grandissant dans la famille. « Ils sont quatre actuellement et trois sont déjà décédés. Je suis l'aîné de ma famille, mes deux femmes et celles de mes quatre frères sont bien portantes, le mari de ma petite sœur aussi, mais nous tous nous avons des enfants vivant avec l'épilepsie. Si c'est dans notre sang, pourquoi aucun de nous n'est épileptique», s'interroge-t-il.