Wander Antunes
Dupuis
80 pages
Résumé:
Jeté sur les routes par la crise de 1929, un homme parcourt les Etats-Unis à la recherche d'un enfant perdu. Le visage de l'Amérique, dévoilé au gré de ses pérégrinations, va être celui de la violence, du racisme et de l'injustice exacerbés par le chaos économique et social. Une quête amère, dans un pays revenu de ses rêves et livré à ses démons. Ce récit sans concession, mais non sans espoir, est scénarisé par le Brésilien Wander Antunes et mis en images par l'Espagnol Jaime Martin. Ensemble, ils portent un regard âpre sur cet épisode de l'histoire du 20e siècle.
Mon commentaire:
J'aime beaucoup le travail de Jaime Martin, qui présente toujours des albums intéressants. Toute la poussière du chemin ne fait pas exception. Nous sommes en 1929. Après une prospérité fulgurante, les États-Unis connaissent un krach boursier. Les cours de la bourse dégringolent, les banque font faillite, la crise s'étend rapidement à toutes les sphères économiques. Les prix s'effondrent, les gens n'ont plus d'argent, les compagnies ferment leurs portes et le taux de chômage est effarant. Des familles entières se retrouvent à la rue et perdent tout ce qu'ils avaient. C'est dans ce contexte historique difficile que se déroule Toute la poussière du chemin.
Tom a un passé difficile, mais c'est un homme bon malgré tout. Il se retrouve à errer sur les chemins, en quête d'un travail et de quoi manger. Il sauve un homme malade, qui va mourir et qui lui demande de retrouver son fils. Tom part donc sur les routes à la recherche du jeune garçon. Dans une Amérique pauvre, où la plupart des gens n'ont plus de travail et crèvent de faim, ses recherches équivalent à trouver une aiguille dans une botte de foin. Personne n'a vu le jeune garçon, personne ne sait qui il est. Entretemps Tom vivra la violence quotidienne, le racisme ambiant, fera de la prison et se sauvera plusieurs fois des policiers qui, sous prétexte de tenir les villes en ordre, abusent de leurs pouvoirs.
L'Amérique décrite par Jaime Martin est une Amérique affamée, sans le sou, où l'on n'hésite pas à tuer pour avoir un travail et de quoi se mettre sous la dent. Ceux qui tentent de s'en sortir sont souvent tués, blessés, on se croirait dans un vrai western. Malgré toute cette violence qui fait mal, il y a des gens bons, qui font tout pour s'en sortir et n'hésitent pas à donner un coup de main à de parfaits inconnus. C'est le cas de Tom, qui fera plusieurs rencontres déterminantes au cours de son périple à travers l'Amérique poussiéreuse.
Les romans de Jack London occupent une grande place dans la vie des différents personnages, pour toutes sortes de raisons. Ses récits font rêver les plus jeunes et aident à supporter un quotidien teinté de violence et de poussière. Les enfants n'ont pas leur place dans ce monde impitoyable. L'humain, lorsqu'il est désespéré, est parfois poussé à commettre des crimes...
Toute la poussière du chemin est une bande dessinée très bien rendue. C'est une histoire sombre qui retrace une Amérique difficile où la violence est le lot quotidien. Malgré l'horreur, il y a parfois un peu d'espoir. Une histoire touchante et qui m'a, par moments, très émue. J'aime toujours beaucoup le travail de Jaime Martin et j'apprécie le traitement qu'il nous offre avec cette bande dessinée d'une période si noire de l'histoire Américaine.