Il y a quelques jours j'ai fait un voyage express à Paris pour le boulot : aller-retour dans la journée avec un départ de Strasbourg par le train de 7h15 ! La matinée a été consacrée au travail : transport d’œuvres du musée dans lequel je travaille pour qu'elles soient restaurées à l'Institut National du Patrimoine, visite de leurs ateliers puis balade dans Paris. Je me suis promenée près du Sacré Cœur puis dans Pigalle où j'ai fait un arrêt au musée de l'érotisme, je n'y avais pas été depuis longtemps ! Quelques (re)découvertes et une exposition d'Alex Varenne (auteur de bandes dessinées érotiques) assez sympathique : ses dessins traités avec des aplats de gris, noirs et blancs sont reconnaissables entre mille et vraiment très beaux. Mais passons, ce n'est pas de cela dont je souhaite vous parler aujourd'hui !
Le 104
Après m'être perdue au musée de l'érotisme et sa profusion d'objets liés au sexe, je suis allée m'égarer au 104, lieu de création et de production artistique de la ville de Paris situé dans le 19ième arrondissement.
Quand je suis arrivée au 104, je me suis d'abord émerveillée du bâtiment qui, après avoir été construit par le diocèse (1873), a été réhabilité en service municipal des pompes funèbres à partir de 1905 et ce, jusqu'en 1993-1997. L’architecture est monumentale, on entre dans un grand hall abrité par une verrière. Dans le prolongement de cet espace semi-ouvert, se trouve la nef du 104, où je souhaitais me rendre. Il s'y trouve, exposé jusqu’au 4 août prochain, « Le Labyrinthe » de Michelangelo Pistoletto, artiste italien né en 1933 membre du mouvement de l'Arte Povera ou "art pauvre" qui regroupe des artistes qui ont pour objectif de lutter contre la marchandisation de la culture et s’opposent à la société de consommation.
Quand on entre dans la nef, on voit cette installation encerclée de grilles métalliques : des volutes de carton ondulé parcourent un espace assez grand (j’ai du mal à estimer la surface !). On peut y entrer et se promener dans les couloirs crées par ces cartons. Parfois j'arrivais dans des voies sans issue, à d'autres moments je revenais sur mes pas, quand je voulais aller de l'autre côté, j'étais obligée de trouver un itinéraire parmi toutes ces parois, il m'était impossible d'emprunter un chemin de traverse. Les « murs » de carton sont fragiles de par le matériau et mobiles parce que légers mais, néanmoins, je ne pense pas que j'aurais pu les déplacer. Ils mesurent 1m30 et ont fait la joie des enfants que j'y ai croisé : c'était à celui qui courait le plus vite dans ces couloirs de carton, trouverait la sortie ou sauterait le plus haut pour voir au-dessus de ces cloisons ; le seul moment où 'étaient pas survoltés, c'était au centre du labyrinthe.
Le Labyrinthe de Michelangelo Pistoletto jusqu'au 4 août 2011 / Le 104 / Courtesy Galleria Continua - San Gimignano - Beijing - Le Moulin
Au milieu du « Labyrinthe » de Pistoletto il y a une sorte de puits dont le bord est matérialisé par du carton. Quand on se penche au-dessus, on peut voir un grand miroir circulaire. Ainsi, au cœur de cette quête d'un chemin, d'une issue, au milieu de ce labyrinthe dans lequel je me suis perdue, c'est moi-même que j'ai rencontré, c'est eux-mêmes que ces enfants ont vu. On est un peu comme dans le labyrinthe d’Alice aux Pays des Merveilles de Lewis Carroll, il faut chercher la sortie pour partir de ce monde et retourner dans la réalité. Mais qu’est-ce qui est la réalité, qu’est-ce qui est le rêve ? Où est la sortie et y en a-t-il vraiment une ? Dans ce labyrinthe, il n'y en a pas puisque qu'il n'y a qu'un endroit qui permet d'entrer et de quitter cette installation, on ne peut donc pas réellement s'y perdre, mais on doit y trouver quelque chose, la dame de cœur pour Alice et nous-mêmes alors si cela est possible. Cette œuvre, Pistoletto l'a conçue en 1969 et l'expose régulièrement depuis, il dit d'elle qu'elle est comme « une route sinueuse et imprévisible qui nous amène jusqu’à un espace de révélation, de connaissance ». J'ai apprécié cette promenade et vous la conseille. Irez-vous vous chercher et peut-être vous trouver au centre du « Labyrinthe » de Pistoletto ?
_ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _ _
Alex Varenne - le goût des femmes / musée de l'érotisme / 72, Bd de Clichy / 75018 Paris / ouvert tous les jours de 10h à 2h
Le Labyrinthe de Michelangelo Pistoletto jusqu'au 4 août 2011 / Le 104 établissement artistique de la ville de Paris / Nef Curial / 5, rue Curial / 75019 Paris / à partir de 14h / Entrée libre / En partenariat avec Galleria Continua - San Gimignano - Beijing - Le Moulin