Parce que la lectrice est un tant soit peu instruite, elle a été au lycée (plus ou moins assidûment) où elle a appris le français. Mais parce que le goût de la lecture s'apprend et se travaille, elle n'a pas lu Kant en CM2. N'étant évidemment pas scientifique (le ciel nous en préserve !), elle est plutôt littéraire et a donc subi l'angoisse du bac français qui, avec son coefficient 56, donne une bonne indication de ce à quoi elle pourra prétendre au bac-tout-court d'abord, et dans la vie ensuite (en tout cas d'après ses parents)... Retour sur le meilleur, mais surtout le pire, de nos bac français :
- Marie-Adélaïde : le bac français, c'est un peu l'échec de ma vie, la désillusion. De 1ère de la classe à l'oral et à l'écrit, je suis passée bonne dernière le jour J. Aïe ! J'avais eu un poème de Baudelaire à l'oral (A une passante) et une dissertation sur Electre à l'écrit. Et pourtant j'aime la poésie, et pourtant je suis helléniste. Comme tout souvenir douloureux, mon cerveau l'a enfoui dans les tréfonds de ma mémoire (jusqu'à aujourd'hui, merci les filles !!). Mais par contre, j'avoue avoir un souvenir intacte du physique de mon examinatrice (sosie de Mireille Dumas), alors si je la croise dans la rue...
- Mélanie : traumatisée par les auteurs classiques dès la sixième, je n'ai jamais réussi à finir un roman de Balzac (La peau de chagrin représentant la quintessence de ma haine - déclinante - du clacissisme littéraire) et je n'ai jamais lu Zola ou Stendhal, pourtant réputés abordables, sans parler, évidemment, de Corneille ou de Racine. C'est donc avec l'angoisse chevillée au corps que je suis arrivée devant l'examinateur à mon oral du bac français, pour lui présenter une liste d'un million de textes que je n'avais quasiment pas lus... Hantise suprême : ce poème incompréhensible (par moi en tout cas) de Mallarmé dont je me rappelle, plus de 15 ans après, ces deux vers qui n'ont toujours aucun sens : "Ses purs ongles très hauts dédiant leur onyx" et "Abolis bibelots d'inanité sonore"... Une histoire de sphinx et de résurrection paraît-il... Anyway, j'ai passablement sauvé les meubles avec un extrait du Misanthrope, ce qui m'a valu un médiocre 11, lequel ne m'a que très peu aidée face à ma dissert' de philo (coefficient 157...) en terminale. Mais ça c'est une autre histoire.- Noémie : je n'ai pas un mauvais souvenir du bac de français... je ne me rappelle pas de mes notes, juste qu'elles n'étaient pas trop pourries (mon plus gros échec a été l'année suivante un 8/20 en éco coeff 9 ;-)) ! Je ne me souviens absolument pas du sujet à l'écrit (sauf que j'ai forcément pris le commentaire composé car j'étais nulle en dissertation), par contre, à l'oral j'ai été interrogée sur La chevelure des Fleurs du mal de Baudelaire. Et Baudelaire était pour moi assez subversif pour que je puisse m'y intéresser, ça s'est donc plutôt bien passé !
- Tamara : comme Marie-Adélaïde, le bac français symbolise le premier échec de ma vie : 14 à l'oral (peut mieux faire) et 7 à l'écrit (jamais je n'étais descendue en-dessous de 13)... Cette épreuve m'a condamnée à me présenter au bac avec 1 point de retard. Honte suprême, déshonneur sans égal... Mon subconscient s'est chargé de vider mon esprit du moindre souvenir relatif à cette déception.
Et vous, quels sujets et textes aviez-vous eus ?