La découverte de la musique industrielle de l'autre côté du Rhin puis les premiers manifestes post-punk et new wave changent la donne. David Bowie, Joy Division, Wire, Devo tournent très vite en obsession chez le jeune homme. Ce goût pour des sons torturés et décalés il le partage avec Benjamin Voituriez, son patron en journée, qui voit en Adrien un " créatif " et lui propose un soir de s'essayer à quelques reprises. Ce premier after-work musical s'ouvre avec le classique " She's lost control " de Joy Division. La sauce prend plutôt bien et les deux comparses sont très rapidement rejoints par d'autres musiciens. Des connaissances et des amis d'amis. Crocodiles, référence à l'album du même nom d'Echo and the bunnymen, est alors né. Le groupe compose quelques titres sous influence punk new wave et se produit pour la première fois sur scène fin 2005. Un peu à la surprise générale, le public accroche et Adrien Moerlen prend ses marques au micro. "Je ne sais plus comment on nous a contacté pour jouer ce soir-là mais nous nous sommes retrouvés pour la première fois sur scène. A la fin du concert, des gens sont venus nous féliciter pour notre musique. Ca nous transmis une énorme motivation et nous nous sommes mis à travailler de plus en plus sérieusement" se souvient le bassiste du groupe, Sebastien Metzger.
Les Crocodiles répètent après le boulot et prennent du coffre en live. En l'espace de deux ans, ils brûlent les étapes : un album autoproduit ( Evolution), de nombreux concerts, une critique dythirambique des Inrocks et la signature avec un tourneur. Et surtout une musique de qualité qui, étonnamment, ne laisse jamais transparaître la jeunesse d'un groupe presque nouveau-né. Pour 2008, pas question de lever le pied, les Alsaciens viennent tout juste de présenter un nouvel album azimuté, intitulé Project White.
Evolution est la première production du groupe et pour ma part, elle m'a bluffé. Derrière un visuel particulièrement soigné (Benjamin et Adrien travaillent dans la pub), des compositions maîtrisées et nerveuses. Vraisemblablement les Crocodiles ont les dents longues. Les titres oscillent entre pure énergie punk et profonds errements new wave. Adrien Moerlen déclame ses textes en anglais se fait tour à tour planant, enragé et distant. Mais toujours charismatique. Guitare et clavier se distinguent et se montrent entreprenants. Le rythme est saccadé et la partie instrumentale sait se faire sauvage. Devo n'est jamais loin. L'ensemble a un côté baroque et est terriblement séduisant. Mentions spéciales à deux titres : l'excité " The-16 string ouverture " et " Aart ".
En bref : D'une étonnante assurance, du rock punko-new wave en provenance de mes faubourgs alsaciens. A découvrir et à suivre.
Ecoutez l'album des Crocodiles dans l'iPod player (en dessous de la colonne de disques à gauche).
La page myspace de Crocodiles.