Magazine Cinéma
Dominik Moll a toujours été très fort pour instaurer un malaise pesant, en deux plans, et trois regards. On a pu le constater avec Harry, un ami qui vous veut du bien, et Lemming : parler du mal, ça le connaît. Ce mal, satanique, sournois, vicieux, qui s’insinue dans les chairs et les esprits, c’est ce que connaît le pur Ambrosio, moine austère en proie aux démons tentateurs des plaisirs charnels. Avec cette adaptation d’un classique de la littérature gothique signé Matthew Gregory Lewis qu’il situe dans le Madrid du XVIIème siècle, Moll promettait un Des Hommes et des Dieux à la sauce trash. Finalement, Le Moine dévoile bien vite la supercherie : il ne s’agit de rien de plus qu’un horrible nanar, série Z à l’imagerie vieillotte et aux effets visuels ridicules.
Kitsch au lieu de gothique, chiant au lieu d’intense, et faisant preuve d’un incroyable mauvais goût tant au niveau de l’illustration de ce mal qui ronge l’Homme pieux que du symbolisme (bonus pour les gargouilles menaçantes aux formes phalliques !), le film fait peine à voir. Où est passé le Moll subversif qui sait choquer sans faire preuve de pompiérisme ? Mystère ! Ici, tout sonne constamment faux, et chaque séquence semble tout droit sortie du grenier poussiéreux d’un autre siècle ! Qu’apporte donc (artistiquement, humainement) un film comme cela au jour d’aujourd’hui ? Sans Cassel, Le Moine ne vaudrait pas grand-chose. Avec Cassel, il peine à s’extirper de l’aura naturellement bestiale (voir sexuelle) de l’acteur. C’est sans issue.