Un manifestant s’en est pris à Rupert Murdoch en pleine séance. L’audition a ouvert à nouveau quelques minutes plus tard, Murdoch a repris sa place sans sa veste de costume. Le magnat des médias affirme qu’il n’était pas responsable du scandale des écoutes téléphoniques.
L’audition de Rupert Murdoch et de son fils James a été brutalement interrompue mardi après-midi, peu avant 17H00, après l’irruption dans la salle d’un manifestant qui a tenté de jeter une mousse blanche sur le magnat des médias, a constaté un journaliste de l’AFP.
« Le meilleur spectacle de Londres »
A l’extérieur du Parlement, des curieux ont fait la queue mardi, certains pendant des heures, dans l’espoir de pouvoir assister à l’audience. « C’est le meilleur spectacle à Londres cet après-midi », s’enthousiasmait Andy Thompson, 40 ans, directeur d’une compagnie de théâtre canadienne. « Combien de fois aurez-vous la chance de vous retrouver dans une salle où les Murdoch et Rebekah Brooks se font cuisiner par les députés ? C’est historique !».
Devant le bâtiment, un manifestant, grimé d’un masque à l’effigie de Murdoch, brandissait une pancarte avec l’inscription :« Recherché pour crimes journalistiques. »
Une séance mouvementée
Le manifestant a lancé ce qui semblait de la mousse à raser blanche déposée sur une assiette en direction du visage de Rupert Murdoch, mais a été bloqué dans son élan par l’épouse du magnat, selon la même source. Sur les images au ralenti retransmises par les télés, on voit la jeune femme, qui écoutait l’audience juste derrière son mari, se précipiter au secours de l’octogénaire, tandis que James Murdoch tente aussi d’intervenir. Un témoin a déclaré à l’AFP avoir vu l’assaillant se diriger vers Murdoch avec un sac vert à la main. D’après Sky News, l’entarteur interpellé serait un humoriste. L’audience a repris quelques minutes après, M. Murdoch reprenant sa place sans sa veste de costume.
« Je ne me suis jamais senti aussi humble de toute ma vie », avait affirmé en préambule le fondateur du groupe transcontinental News Corp., convoqué en compagnie de son fils cadet par les dix membres de la commission des médias de la chambre des Communes. « Soyons clairs, violer l’intimité de personnes en piratant leur messagerie, c’est mal. Payer des policiers pour obtenir des informations, c’est mal », a conclu Rupert Murdoch après trois heures d’interrogatoire nourri.
Le magnat australo-américain des médias, âgé de 80 ans, témoignait devant la commission d’enquête parlementaire sur les pratiques du « NoW », soupçonné d’avoir piraté à grande échelle dans les années 2000 les messageries téléphoniques de membres de la famille royale, personnalités politiques, stars, mais aussi victimes d’attentats et de meurtre. Des policiers auraient également été payés pour donner des informations, voire fermer les yeux sur certains aspects de l’enquête.
Pas au courant que les policiers étaient payés par Brooks
Rupert Murdoch a affirmé qu’il ignorait que Rebekah Brooks, ancienne directrice générale de News International, avait reconnu en 2003 devant une commission parlementaire avoir versé de l’argent à des policiers. « Nous avons payé par le passé la police pour des informations », avait-elle alors déclaré.
Invité par les parlementaires à préciser pourquoi il n’avait pas enquêté sur les déclarations de Mme Brooks, Rupert Murdoch a répondu : « je n’en avais pas connaissance ». Le « News of the World », a-t-il expliqué, représentait « moins d’un pour cent » de son groupe News Corp qui emploie au total 53.000 personnes dans le monde.
Il a dit, par ailleurs, ne pas avoir été informé que son groupe avait versé de fortes sommes d’argent -700.000 livres sterling (796.545 euros) dans certains cas- pour régler à l’amiable des poursuites engagées par des victimes dont les conversations téléphoniques ont été espionnées.
Pressé de questions par les députés, l’homme d’affaires semblait de plus en plus nerveux au fil de son témoignage, au début placé sous le signe de la contrition. Il est parfois apparu mal à l’aise, s’exprimant de façon laconique et se tournant souvent vers son fils James -responsable des opérations internationales de News Corp- pour les réponses.
James Murdoch, de son côté, a de nouveau présenté les excuses du groupe pour le scandale, qui ne reflète « pas les normes auxquelles aspire notre société ». News Corp, a-t-il plaidé, a agi de manière aussi rapide et transparente que possible pour faire face aux conséquences de cette affaire.
Brooks auditionnée ensuite
Les députés doivent ensuite entendre séparément à 15H30 Rebekah Brooks, l’ancienne« reine des tabloïdes » qui fut rédactrice en chef du NotW à l’époque des faits, puis directrice de News International, la division britannique de News Corp.
Rebekah Brooks a été arrêtée dimanche, puis libérée sous caution, deux jours après avoir été acculée à la démission. Elle est soupçonnée « de participation à l’interception de communications » et de « corruption ».
(d’après afp)