19 - 07
2011
Pitch.
Un chirurgien esthétique se perd dans des recherches pour trouver une nouvelle peau ultra-résistante à tout après la mort de son épouse carbonisée dans un accident de voiture dont il se dit qu'il aurait pu la sauver.
Ce qui ennuyeux quand on se lance dans la confection d'un thriller horrifique, c'est qu'il n'y ait à la sortie ni suspense ni angoisse, c'est le cas de "La Piel que habito" qu'Almodovar a adapté librement d'un roman français ("Mygale" de Thierry Jonquet). Très vite, les obsessions du réalisateur prenent le dessus, les histoires de famille, les complications d'identité sexuelle, les comportements hystériques, etc... Et question famille, il met le paquet! L'amateur de thrillers risque bien de s'ennuyer ferme dans ce récit ultra-descriptif, surexplicatif, où tout est montré quand on sait que l'angoisse se met en scène idéalement hors champ. La référence aux "Yeux sans visage" de Franju, film franchement terrifiant, beaucoup plus limpide, est alors erronée, excepté si l'on s'en tient à la lecture du synopsis.
photo Pathé
Un chirurgien esthétique de renom, Robert Ledgard, s'est spécialisé dans la recherche sur la peau de synthèse après la mort de son épouse, Gal, carbonisée dans un accident de voiture 7 ans auparavant. Des travaux de recherche qui ne s'accordent pas avec l'éthique, il va sans dire. Dans le secret, il détient emprisonnée chez lui, une villa immense et surchargée de tableaux, une sorte de sosie de sa femme, une certaine Vera, qu'on découvre faisant du yoga dans une combinaison en latex et dont on comprend tout de suite qu'elle est une créature de synthèse avec une peau, fruit des recherches du professeur Ledgard, savant devenu fou. Une seule compagnie pour Robert et Vera, la gouvernante qui en sait long sur tout et tout le monde... Dont le fils disparu va revenir frapper à la porte déguisé en tigre (c'est le carnaval à Madrid)... Un voyou qui se jette sur Vera en la prenant pour Gal qui n'était donc pas aussi fidèle à Robert qu'on aurait pu le supposer...
photo Pathé
Frénésie sexuelle, viols au carré, opérations transexuelles, secrets de famille, folie, Almodovar compile ici un peu tout son univers, des premiers aux derniers films, le tout avec un calme clinique glacé puisqu'il s'agit d'un médecin, ça l'impressionne on dirait! Mais pas au point de renoncer au mélo pour le thriller fantastique qu'on était en droit d'attendre... Le film de genre pour Pedro? Une occasion de dériver vers des histoires de filiation transgressive... Le point positif, Antonio Banderas, à qui Almodovar aurait interdit de sourire pendant le tournage, est très bien, nettement supérieur à ses prestations américaines. Et puis, évidemment, c'est bien filmé, c'est Almodovar!
photo Pathé
article publié le 19 mai 2011 sur le blog spécial www.cinemaniacannes.fr après la présentation du film au festival de Cannes...
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Mots-clés : avant-Premières, cinéactuel, cinéma espagnol, La Piel que habito, Pedro Almodovar